Ukraine : la peur des détenus, malgré les accords

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avec Jean-Sébastien Soldaïni, envoyé spécial à Kiev et AFP , modifié à
REPORTAGE - Le gouvernement propose de libérer les manifestants détenus, en échange de la fin de l’occupation des bâtiments publics.

L’INFO. Les députés ukrainiens ont adopté mercredi une loi d'amnistie des manifestants comme le réclamait l'opposition. Une amnistie sous conditions : les bâtiments publics occupés doivent être libérés. Mais l’opposition ne soutient pas cette proposition et l’occupation se poursuit.  Près d'un millier de manifestants sont toujours retenus dans les prisons et commissariats du pays.

Dans un froid glacial, après de longues minutes passées à piétiner dans la neige, une petite dizaine de personnes s'engouffre derrière la porte en fer. Elles viennent rendre visite à l’un ou l’une de leur proche emprisonné pour avoir participé aux manifestations sur la place de l’Indépendance.

"Ce n'est pas ici que les droits de l'Homme sont respectés". Bien qu’un accord a été trouvé entre le gouvernement et l’opposition, la méfiance demeure. Dans cette prison de Kiev, personne ne souhaite s'exprimer devant les gardiens, par peur de représailles. Certains portent des sacs en plastique avec un peu de nourriture, probablement pour améliorer le quotidien de leur frère ou de leur fils.

Un quotidien que décrit Artem.  Cet avocat vient rencontrer son client, un manifestant qui, dit-il, fait partie des premiers interpellés près des barricades. "Je peux vous assurer que ce n'est pas ici que les droits de l'Homme sont respectés", lace-t-il au micro de l’envoyé spécial d‘Europe 1. "J'en suis sûr à 100%, poursuit l’homme, les détenus s'entassent à 15 dans des petites cellules. Il n'y a même pas assez de lits pour tout le monde, ils dorment les uns sur les autres".

prison à Kiev

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Ianoukovitch, un "dictateur". Outre les conditions de détention terribles, l’expérience est difficile, aussi, pour les familles des détenus. "Elles peuvent venir les voir que trop rarement", regrette Artem. "Il y a tout un tas autorisations à demander et c'est très long à obtenir. Le pire, c'est que dans ces prisons, il y a beaucoup de manifestants pacifiques qui ne portaient ni arme, ni masque au moment de leur interpellation", souligne l’avocat, qui n’hésite pas à qualifier le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, de "l'un des derniers dictateurs d'Europe".

Un président qui visiblement fait tout pour perturber les discussions. Mercredi soir, en pleine séance au Parlement, il s'est présenté dans l'Hémicycle et a menacé les députés de son parti de dissoudre l'Assemblée s'ils votaient en faveur de la libération des manifestants. Mais jeudi,il ne devrait pas perturber les débats. Le président ukrainien est contraint au repos en raison de douleurs respiratoires et d'une forte fièvre, ont annoncé jeudi ses services.

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La méfiance, aussi, des Américains. Le directeur du renseignement américain (DNI) James Clapper, a de son côté estimé que Viktor Ianoukovitch avait la "ferme intention de se maintenir au pouvoir" et aurait "probablement recours à l'intimidation et aux moyens extra-légaux" pour assurer sa réélection en 2015.  Considéré comme un proche du président, le chef par intérim du gouvernement, Serguiï Arbouzov, a assuré qu'opposition et pouvoir continuaient de dialoguer.

"Le gouvernement, pour sa part, est prêt à assurer les conditions nécessaires à la stabilisation nationale", a-t-il ajouté. C'était la première réunion du gouvernement, désormais chargé de gérer les affaires courantes, depuis la démission mardi du Premier ministre Mykola Azarov, qui a entraîné celle de l'ensemble du cabinet.

A Kiev, où les contestataires sont désormais retranchés derrière de hautes barricades composés essentiellement de sacs de neige, des militants d'un groupe contestataire ont chassé manu militari du ministère de l'Agriculture d'autres manifestants, plus radicaux, qui l'occupaient depuis plusieurs jours.

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