Nouvelle démonstration de force de l'opposition, dimanche, en Ukraine. Les manifestants mobilisés depuis maintenant plus d'une semaine sur la place de l'Indépendance à Kiev étaient 200.000 à se rassembler dimanche matin. Emmenés par l'opposante Ioulia Timochenko, ils réclament le départ immédiat de leur président Viktor Ianoukovitch. Des opposants qui lui reprochent notamment de vouloir se rapprocher de la Russie. Dans le camp d'en-face, ceux qui appuient le président, tente d'organiser des contre rassemblements depuis quelques jours.
>> Europe 1 est allé à leur rencontre.
"Ceux qui veulent changer sont des gens faibles". Pour entrer dans ce rassemblement, il faut un mot de passe. Il s'agit du nom d'un chef de section discrètement glissé à l'oreille des membres du service d'ordre. A l'intérieur du cortège, les regards sont méfiants. Difficile d'engager la conversation sans essuyer un "niet" un peu gêné, ou sans entendre le discours bien calibré d'Alexander.
"C'est notre devoir social de soutenir le pouvoir élu. Ceux qui veulent changer le pouvoir sont des gens faibles. C'est facile de rester dans des tentes au milieu d'une place. Ils feraient mieux d'aller travailler au lieu de faire la révolution".
"Bien sûr qu'on les paye". Bercées par les airs à la gloire de l'ex-URSS, les mines patibulaires dépassent à peine des manteaux en fourrure. La population est plutôt pauvre et reconnait à demi-mot être payée pour faire le nombre. "Tout travail mérite salaire, la plupart gens qui sont là sont des retraités, des chômeurs qui n'ont pas d'argent pour vivre. Alors, bien sûr qu'on les paye. Moi, je ne suis pas payé, mais ça va entre 10-20 euros par jour", commente l'un d'eux.
"Une personne comme ça ne peut pas rester au pouvoir". Les "manifestants" sont donc payés une poignée de Hryvnias, la monnaie locale, qui a visiblement attiré Yvan. Ce dernier porte bien un drapeau du parti au pouvoir, mais il n'a pas encore adapté son discours. "Viktor Ianoukovitch ne donnerait rien au peuple, s'il est président, c'est pour lui, pas pour le peuple. Il a été deux fois en prison : une fois pour viol, une fois pour vol. Une personne comme ça, ça ne peut pas rester au pouvoir", estime-t-il.
Pour les arguments, on verra donc plus tard. Leur priorité, disent-ils, c'est de barricader les abords du parlement pour éviter une attaque de leurs opposants.
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