Checkpoints coordonnés. Ils ont gagné peu à peu une vingtaine de villes de l’Est de l’Ukraine et lundi, des soldats ont pris le contrôle d’un commissariat de la ville de Slaviansk en quelques minutes, raconte l’envoyé spécial d’Europe 1 en Ukraine.
Dans la campagne avoisinante, les mêmes miliciens pro-russes contrôlent les accès à la ville. Michaïl, l’imposant chef d’un checkpoint, décrit à Europe 1 un système très bien organisé : "On a des barrages partout autour de la ville. On travaille également avec les autres villes voisines, on se coordonne", raconte-t-il. Et quand on lui demande où est la police ukrainienne : "On ne sait pas où est la police. A quoi bon la police ?", s’amuse-t-il.
Ukrainiens ou Russes ? Alors qui sont ces miliciens qui semblent contrôler une partie de la région du Donbass. Une femme acclame ces hommes armés de Kalachnikov dernier cri, en tenue de camouflage et à l’allure très professionnelle. Elle balaie les soupçons d’un revers de la main. "On dit qu’il y a des forces spéciales russes ici, mais ce n’est pas vrai !, affirme-t-elle avec énergie à Europe 1. C’est le peuple qui contrôle cette ville. Ce sont nos maris, nos fils, nos frères qui nous défendent. Ces soldats, ce sont nos garçons", explique-t-elle.
Pourtant, pour la première fois lundi, des journaux, y compris russes, ont levé le voile sur l’identité de ces soldats. Ils "font partie de forces spéciales russes, d’un groupe créé il y a exactement un an", explique Cécile Vaissié, professeur en études russes et soviétiques à l’université de Rennes II.
D’ailleurs, à Slaviansk, l’un des chefs de l’insurrection va dans ce sens. Il affirme avoir reçu de l’aide d’environ 1.000 mercenaires envoyés par Moscou pour faire flotter le drapeau russe sur cette partie de l’Ukraine.
Moscou, caillou dans la chaussure de Kiev. Le but clairement affiché de ce nouveau groupe d’action russe est "déstabiliser un certain nombre de pays étrangers", ajoute Cécile Vaissié. "Cette unité a été créée pour agir à l’étranger, sur le sol étranger pour défendre les intérêts politiques et économiques de la Russie", explique la chercheuse.
Car l’intérêt de Vladimir Poutine, au-delà même de l’occupation d’une partie de l’Ukraine, est surtout de mettre des bâtons dans les roues du nouveau pouvoir ukrainien, et notamment de faire cahoter les élections présidentielles à venir. Car si le peuple ukrainien votait pour un président légitime, Moscou serait bien obliger de le reconnaître … et d’engager le dialogue.
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