L’INFO. Ce coup-ci, est-ce pour de bon? Un accord de cessez-le-feu a été conclu entre Ukrainiens et les séparatistes pro-russes, vendredi, à Minsk en Biélorussie. C'est la République populaire autoproclamée de Donetsk qui l'a annoncé en premier sur son compte Twitter, sans entrer dans le détail. "Les représentants de l'Ukraine, de la DNR et de la LNR (République autoproclamée de Lougansk) ont signé un protocole d'accord à Minsk sur un cessez-le-feu à partir de 18 heures vendredi (17 heures à Paris, ndlr)", a-t-il été expliqué.
Porochenko confirme. Peu de temps après, le président ukrainien, Petro Porochenko, a confirmé l'information en évoquant un "protocole préliminaire" pour un cessez-le-feu avec les rebelles. Dans la foulée, le chef d'Etat a appelé son armée à cesser les hostilités à partir de l'heure convenue. "La vie humaine est de la plus haute importance et nous devons faire l'impossible pour mettre fin à l'effusion de sang et aux souffrances", a-t-il poursuivi.
В Мінську підписали попередній протокол до угоди про припинення вогню. Цей протокол має набути чинності в п'ятницю. pic.twitter.com/rY9KMpa0hl— Петро Порошенко (@poroshenko) 5 Septembre 2014
Que contient le texte ? Selon des sources proches des discussions réalisées à Minsk, l'accord de cessez-le-feu signé vendredi prévoit un échange de prisonniers et le maintien des forces des deux camps sur leurs positions actuelles. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sera par ailleurs chargée de veiller au respect de la trêve.
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Des réserves
Pas toutes les régions concernées ? Il y a toutes les raisons d'être méfiant face à cette nouvelle annonce. Mercredi, un cessez-le-feu avait déjà été annoncé par la présidence ukrainienne, avant d'être démenti par la Russie voisine. Si l'annonce de vendredi émane de plusieurs sources différentes, dont l'OSCE qui a également confirmé la trêve, les termes employés par le chef d'Etat ukrainien incitent à la prudence. Surtout que toutes les régions ne semblent pas être concernées par l'accord de trêve. Si à Donetsk et Lougansk le cessez-le-feu débutera effectivement à 18 heures, la confusion reste de mise en ce qui concerne le port stratégique de Marioupol, dans le sud-est. Plusieurs journalistes, dont l'envoyé spécial d'Europe 1 sur place, ne notent pas d'amélioration sur le terrain des combats, bien au contraire.
Grondements entendus à #Marioupol, vers 15h05, à peu près en meme temps que l'annonce d'un cessez-le-feu à #Minsk#Ukraine— Walid Berrissoul (@walidb) 5 Septembre 2014
"Plusieurs véhicules d’artillerie militaires ukrainiens arrivent au principal point de contrôle de Marioupol. #Quelcessez-le-feu?", s'inquiète un journaliste d'Al Jazeera sur place.
Several Ukrainian field artillery vehicles arrive at the main checkpoint on the east of #Mariupol. #whatceasefire? pic.twitter.com/Dnz0280kAZ— Sean Stephens (@seanmstephens) 5 Septembre 2014
Indépendantisme : les insurgés persistent et signent. Une chose est sûre, l'accord de cessez-le-feu évoqué vendredi n'est pas celui de la réconciliation. Peu de temps après l'annonce de la trêve, les rebelles pro-russes ont affirmé être encore en train d'espérer faire sécession avec l'Ukraine. "Nous sommes prêts à un cesser-le-feu à partir de 18 heures (heure de Kiev) des deux côtés, mais cela ne veut pas dire que nous avons renoncé à nous séparer de l'Ukraine", a ainsi déclaré Igor Plotnitski, le "Premier ministre" de la République populaire autoproclamée de Lougansk.
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Le Premier ministre ukrainien réservé. Quelques minutes avant l'annonce du cessez-le-feu, le Premier ministre ukrainien a appelé les Etats-Unis et l’Union européenne à se porter garants du plan de paix. "Il faut rétablir la paix mais pas sur la base d'un plan proposé par le président russe, mais sur la base de celui proposé par le président ukrainien, qui doit être soutenu par les Etats-Unis et l'Union européenne", a déclaré Arseni Iatseniouk en ouvrant son conseil des ministres. "Nous ne pourrons réussir seuls face à la Russie, ils vont nous tromper", a-t-il insisté. "Nous avons besoin de garanties", a-t-il renchéri. Selon lui, pour être efficace, ce plan doit prévoir "un cessez-le-feu, le retrait de l'armée russe et le rétablissement du contrôle de la frontière", a-t-il ajouté.
Le Kremlin réagit. La Russie, accusée d'avoir fait entrer des troupes militaires en Ukraine et après s'être attirée les foudres de l'Occident en annexant la Crimée en mars dernier, a salué le cessez-le-feu ukrainien, tout en souhaitant qu'il sera "respecté point par point".