Mais qui sont donc les deux grands vainqueurs des élections séparatistes de dimanche dans l'est de l'Ukraine ? Depuis cet été, Alexandre Zakhartchenko et Igor Plotnitski, élus à Donetsk et à Lougansk, incarnent le visage du séparatisme prorusse dans ces républiques autoproclamées, que Moscou a promis de reconnaître. Les deux hommes, au profil différent, en sont les deux nouveaux présidents.
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Alexandre Zakhartchenko, un ancien mécanicien devenu chef de guerre
Le premier, Alexandre Zakhartchenko, âgé de 38 ans, est un mécanicien de formation. Ce commandant d'unités rebelles, nommé "Premier ministre" en août dernier, a été élu président dimanche avec plus de 81% des voix, contre 9% à chacun de ses deux concurrents, selon un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote. Son ambition : "Construire un nouvel Etat, qui deviendra légitime après les élections, et récupérer les territoires de l'Est actuellement sous contrôle ukrainien", avait-il martelé avant le scrutin.
Alexandre Zakhartchenko avait participé à l'assaut du siège de l'administration régionale à Donetsk le 16 avril par les séparatistes. Un événement fondateur de la révolte contre Kiev, suivi par la proclamation de l'indépendance de la "république de Donetsk" et de celle voisine de Lougansk, puis par des combats qui ont déjà fait plus de 4.000 morts.
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Zakhartchenko a été l'un des chefs militaires de Slaviansk, ce bastion séparatiste repris en juillet par les forces ukrainiennes après plus de deux mois de violents combats. Il n'a cependant pas la notoriété de chefs de guerre comme "Motorola" ou "Guivi", qui opèrent aujourd'hui dans la zone de l'aéroport de Donetsk et jouissent d'une solide réputation parmi les rebelles.
Il a été l'un des participants des négociations ayant abouti aux accords de Minsk du 5 septembre, qui portent sur un cessez-le-feu et ouvrent théoriquement la voie à un processus de paix. "Nous respectons tout ce que nous avons signé à Minsk", a-t-il assuré. Mais il a annoncé vouloir reprendre par la force plusieurs villes de l'est et du sud de l'Ukraine. A peine élu, il a d'ailleurs fustigé l'Ukraine qui "ne veut pas la paix" et "joue un double jeu".
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Igor Plotnitski, un nostalgique de Lénine à la carrure massive
Le second visage de ces élections, Igor Plotnitski, est un nostalgique de l'Union soviétique. A Lougansk, le président de la "République" rebelle, Igor Plotnitski, a été élu dimanche avec plus de 63% des voix. Comme Alexandre Zakhartchenko, il faisait face à des candidats quasiment inconnus.
Cet ancien militaire de 50 ans à la carrure massive s'est reconverti dans les affaires après la chute de l'URSS, puis dans la défense des consommateurs. Après avoir occupé le poste de "ministre de la Défense" du territoire séparatiste, il a été nommé à la tête de la "République de Lougansk" en août dernier,
Très attaché au passé soviétique et à l'héritage communiste, comme la plupart des responsables rebelles, Igor Plotnitski a qualifié de "génocide moral" le démontage d'une statue de Lénine à Kharkiv, grande ville de l'est de l'Ukraine restée sous contrôle de Kiev.
Reste maintenant aux deux nouveaux présidents à se faire entendre dans ce micmac diplomatique. Si la Russie reconnaît les résultats du scrutin, les Ukrainiens et l'Union européenne ont de leur côté annoncé qu'ils n'y accordaient aucune légitimité.
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