TÉMOIGNAGE - Jean-Pierre Marongiu est retenu à la suite de déboires judiciaires et demande l'aide du président.
L'INFO. Il pousse un cri de colère et de détresse. L'entrepreneur français Jean-Pierre Marongiu, retenu au Qatar à la suite de déboires judiciaires, "implore" l'aide du président de la République, François Hollande. Ingénieur dans le secteur pétrolier, installé dans cet Emirat depuis 2005, cet homme de 52 ans, est incarcéré depuis plusieurs 18mois pour des chèques sans provisionentre 2010 et 2012,d'un montant estimé à 100.000 euros. Selon lui, ses ennuis ont commencé lorsque son partenaire local a exigé de reprendre sans contrepartie ses parts dans la société qu'ils avaient créée.
>>> Europe 1 a pu le joindre sur un téléphone portable clandestin qui circule entre le tribunal et la prison à Doha.
"Ils m'ont alimenté". Alors que Jean-Pierre Marongiu a entamé une grève de la faim depuis le mois d'octobre, son état de santé se détériore. Il a fait un arrêt cardiaque dans la nuit de dimanche à lundi. "Mon cœur s'est arrêté de battre. Quand j'ai voulu me lever, je suis tombé. Je suis allé à l'infirmerie, on m'a fait une piqûre : je ne sais pas ce que c'était, mais ça m'a redonné de l'énergie, je crois qu’ils m’ont alimenté ainsi", affirme-t-il sur Europe 1. "Physiquement, je me sens faible, mais c'est la solitude qui me fait le plus mal, être abandonné par la France à ce point-là. Ma famille me manque terriblement, ce n'est pas une prison, c'est une boîte en béton, sans lumière, sans voir le soleil", déplore-t-il.
"Je grelote". Ses conditions de détention sont également très difficiles. "Imaginez un bloc de béton, un parallélépipède long de 50 mètres, un couloir de 150 mètres, huit dortoirs d'une quinzaine de personnes. Pas de fenêtre, c'est allumé en permanence, climatisé à l'extrême, je grelote en permanence d'autant que je ne mange pas", raconte-t-il sur Europe 1. "On est livrés à nous-mêmes, on voit les gardiens une fois le matin, une fois le soir. On ne sort pas, on s'organise, c'est un monde parallèle, on vit dans une boîte", ajoute-t-il.
Ils se basent sur la signature. Cet entrepreneur se sent abandonné par les autorités françaises. "Ici les avocats ne plaident pas, ils se contentent de déposer des dossiers, de remplir des rapports que le juge ne lit pas. Ils appliquent simplement la peine en fonction du délit", déplore Jean-Pierre Marongiu. Quant aux accusations, les juges "ne veulent absolument pas savoir si ces chèques étaient provisionnés au moment où je les ai fait" et se basent uniquement sur sa "signature", dit-il. "Pour une dizaine de chèques", Jean-Pierre Marongiu, qui affirme être "innocent", a pris une "dizaine d'années" de prison.
"Appelez l'émir". Aujourd'hui, il réclame l'aide de François Hollande. "M. le Président, je vous implore, s'il vous plaît : appelez l'émir du Qatar, demandez-lui de me rapatrier en France", clame l'entrepreneur. "Je ne demande rien d'autre. J'ai perdu tout mon investissement, je n'ai pas vu ma famille depuis deux ans, mes enfants... Le Qatar est un état où un seul homme décide de tout. S'il vous plait, faites-le", demande Jean-Pierre Marongiu. Il accuse par ailleurs la France d'inaction du fait des intérêts hexagonaux au Qatar : la négociation sur les avions Rafale, ainsi que le dossier syrien.
Six mois de prison pour sortie illégale du Qatar. "Je ne resterai pas 10 ans en prison. Je mourrais au Qatar si on ne me fait pas sortir de prison", conclut l'ingénieur, avant de laisser un dernier mot à sa famille : "Guillaume vient de fêter un deuxième anniversaire sans son père hier. Ma femme que j'aime au-delà de tout. Ma famille, ma mère, je vous aime." En juin dernier, il a été condamné en juin à six mois de prison et à 2.000 euros d'amende pour "sortie illégale du Qatar", après avoir rejoint en kayak les côtes de Bahreïn, pays voisin du Qatar. La justice doit encore se prononcer en appel sur ce dossier.
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