Ce nouveau scandale met en lumière la sévérité de la politique de l'enfant unique en Chine. Feng Jianmei, une jeune femme de 22 ans, était enceinte de sept mois quand elle été forcée à avorter. La raison : elle avait déjà un enfant et n'avait pas les moyens de s'acquitter des 40.000 yuans, soit 4.880 euros, d'amende pour non-respect de la politique de l'enfant unique. La publication sur Internet d'une photo de la jeune mère sur son lit d'hôpital, à côté de son fœtus ensanglanté, a suscité les réactions indignées des internautes chinois.
Les autorités ont confirmé jeudi que Feng Jianmei avait bien été obligée d'avorter, et promis que les responsables, pas encore désignés, seraient punis. Un peu plus tôt, les autorités de ce district de la province du Shaanxi avaient pourtant assuré que la jeune femme avait consenti à l'avortement.
"Qu'est-ce qui ne va pas avec cette société ?"
Mais cette première version officielle n'a pas convaincu les internautes chinois. "On dit que ce sont des choses qu'ont faites les diables japonais et les nazis. Mais cela arrive en réalité et ce n'est pas un cas isolé", juge ainsi un utilisateur du portail Netease, estimant que les responsables locaux devraient être "exécutés" en retour.
"Qui déposerait un bébé en sang à côté de sa mère ?", s'interroge un autre internaute, tandis qu'un troisième se pose une question plus générale, sur le forum clubkdnet : "Mais qu'est-ce qui ne va pas avec cette société ?". La politique de l'enfant unique, mise en place à la fin des années 70, est mise en cause par ce Chinois pour qui ce système a permis de "tuer ouvertement des gens pendant des années".
Violence "imposée" aux femmes
Depuis les années 70, cette mesure draconienne aurait permis d'"éviter" quelque 400 millions de naissances, dans un pays qui compte aujourd'hui 1,34 milliard d'habitants. La mise en oeuvre de la loi est plus stricte pour les Chinois vivant en ville. Dans les campagnes, il est toléré d'avoir un deuxième enfant si le premier est une fille.
Le drame de Feng Jianmei a aussi fait réagir le dissident Chai Ling, ancienne figure de proue des manifestations de 1989. Son histoire "prouve que la politique de l'enfant unique continue d'imposer chaque jour la violence aux femmes", a estimé l'opposant, qui dirige depuis les Etats-Unis l'association All Girls Allowed.
Même les médias officiels chinois ont condamné cet avortement forcé. Sans aller toutefois jusqu'à critiquer la politique de l'enfant unique.