Le cessez-le-feu négocié d'arrache-pied et entré en vigueur dans la nuit de samedi à dimanche semble tenir en Ukraine. Quelques affrontements isolés persistaient toutefois dimanche dans l'est du pays, notamment dans la ville stratégique de Debaltseve. Deux civils ont été tués vingt minutes après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu à Popasna, dans la région de Lougansk, par des tirs d'artillerie venant d'une zone que Kiev estime être contrôlée par des rebelles dissidents ne respectant pas l'autorité des républiques séparatistes. Mais les affrontements se sont considérablement réduits ensuite.
"En voie de stabilisation". "La situation est en voie de stabilisation", a déclaré un porte-parole militaire ukrainien, malgré des tirs d'artillerie résiduels dans la région de Lougansk et autour de la ville stratégique de Debaltseve, où ont eu lieu les combats les plus violents de ces derniers jours. Les troupes ukrainiennes ont été visées à 60 reprises depuis l'entrée en vigueur de la trêve, a-t-il ajouté, un nombre bien inférieur aux journées précédentes. Kiev n'a fait état d'aucun nouveau mort parmi ses soldats depuis le cessez-le-feu, tandis que neuf soldats avaient été tués dans les heures précédant son entrée en vigueur.
Un haut responsable militaire de la République séparatiste de Donetsk (DNR), Edouard Bassourine, a pour sa part déclaré que le cessez-le-feu était "globalement respecté". "Nous espérons que le cessez-le-feu sera totalement respecté d'ici quelques heures. Il faut un peu de temps, ce n'est pas un processus instantané", a déclaré un responsable du ministère ukrainien de l'Intérieur dans la région de Donetsk.
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L’Élysée confirme "malgré des incidents locaux". François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko "ont constaté que le respect du cessez-le-feu" dans l'est de l'Ukraine "était globalement satisfaisant malgré des incidents locaux qu'il faut rapidement régler", a annoncé dimanche l’Élysée. Ce constat a été dressé lors d'un entretien téléphonique dimanche entre les quatre dirigeants français, allemand, russe et ukrainien, quelques heures après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, selon un communiqué de la présidence de la République.
Même constat pour l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), dont les observateurs mandatés pour observer l'application du cessez-le-feu se sont pourtant vus empêcher l'entrée de Debaltseve par les rebelles dimanche. L'organisation a estimé que le cessez-le-feu était respecté "avec quelques exceptions" et ses observateurs retenteront lundi d'accéder à Debaltseve, a-t-elle précisé dans un communiqué.
L'accord prévoit le retrait des armes lourdes. L'accord conclu jeudi à Minsk à l'issue d'une nuit de négociations entre les dirigeants d'Ukraine, Russie, Allemagne et France prévoit que Kiev et les rebelles ont deux jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu pour commencer à retirer leurs armes lourdes de la ligne de front. Le président russe Vladimir Poutine, son homologue ukrainien Petro Porochenko, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel doivent faire ensemble dimanche un "premier point" sur l'application du cessez-le-feu, selon la présidence française.
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