Aux accusations de "naïveté", Gabriel Poncet répond "curiosité" et "goût de l’aventure". Mais le député suisse a pourtant bel et bien fait preuve d’une ingénuité confondante en répondant à un mail lui annonçant qu’il était l’héritier d’un lointain cousin décédé il ya douze ans au Togo. Et l’histoire aurait pu mal se terminer. Car l’élu du canton de Vaud, près de la frontière française, est allée jusqu’à se déplacer en personne à Lomé, où il a été kidnappé et retenu pendant 48 heures.
"C’était tentant"
L’histoire commence en octobre 2010. Comme des millions d’autres internautes, Gabriel Poncet reçoit un "scam", un e-mail lui faisant miroiter un héritage à 9 millions d’euros. Alléché par la somme, soi-disant bloquée sur un compte de l’Union Togolaise de Banque (UTB), l’élu, âgé de 71 ans, répond à l’expéditeur du mail, un parfait inconnu. "Même si je n’y croyais pas trop, c’était tentant", reconnaît le député suisse dans Le Parisien de lundi. "Après plusieurs échanges par e-mail et par téléphone, j’ai décidé d’y aller. Mais c’était plus par curiosité que par appât du gain", s’empresse-t-il de préciser.
Gabriel Poncet débarque donc à Lomé, la capitale togolaise, le 19 février, afin d’y remplir les papiers nécessaires au transfert des fonds. Il est accueilli par Francis Raymond Akakpossa, le cerveau de l’escroquerie. Le courant passe, et l’élu accepte de passer la nuit chez son hôte. "J’ai trouvé que ce serait plus sympathique d’aller dormir chez l’habitant", précise le décidément très candide élu, qui déchante très vite. "J’ai vite compris que c’était un repaire de brigands." L’homme est enfermé dans une chambre, et ses ravisseurs réclament une rançon d’un million d’euros.
"Pas un si mauvais souvenir"
Si l’on peut moquer sa naïveté, on peut tout de même reconnaître à Gabriel Poncet un certain talent de négociateur. Au bout de 24 heures de palabres, la rançon est finalement ramenée à près de 5.500 euros. Le député appelle alors son épouse pour qu’elle transfère l’argent. La femme prévient immédiatement la police suisse, qui fait le relais vers la gendarmerie togolaise, qui intervient et libère finalement l’otage le 21 février.
Aujourd’hui rentré en Suisse, Gabriel Poncet n’en finit plus de raconter sa mésaventure. Mais alors que l’opposition se gausse, lui positive en assurant dans LeParisien "ne pas garder un si mauvais souvenir" de son périple togolais.