Entre la Suisse et Monaco, les divorces peuvent coûter très cher. Elena Rybolovlev a divorcé de son mari, le richissime oligarque russe Dmitri Rybolovlev, propriétaire de l’AS Monaco. L’ex-femme a obtenu 4 milliards de francs suisses (3,295 milliards d'euros), soit la moitié de la fortune du milliardaire, dans le cadre du "divorce du siècle" jugé le 13 mai à Genève. Le Tribunal de première instance de Genève a accordé mardi dernier à Elena Rybolovlev la somme de 4.020.555.987,20 francs suisses (soit 3,29 milliards d'euros - 4,48 milliards de dollars), selon Le Temps. Le couple, marié depuis 23 ans, se déchire depuis 2008 sur les conditions de leur divorce.
L’argent et la garde des enfants. Outre l’argent, elle a également obtenu l'autorité parentale sur leur fille cadette, Anna, âgée de 13 ans. Joint par l'AFP un porte-parole du tribunal a indiqué que ce genre de décision n'était communiqué qu'aux parties. Lundi dans la soirée l'avocat du milliardaire, Me Tetiana Bersheda, dans un communiqué a annoncé qu'une procédure d'appel serait lancée en Suisse et que par conséquent "le montant attribué ne revêtait pas un caractère définitif". Elle a souligné également qu'une partie de la fortune de Dmitri Rybolovlev avait été transférée dans des trusts hors de Suisse avant que son épouse ne l'attaque en justice à Genève. "Le réel enjeu de ce litige se situe à l'étranger et non en Suisse", a-t-elle affirmé.
Une séparation difficile. Elena était suivie de façon quasi permanente par des détectives privés depuis sa demande de divorce, avait-elle confiée en janvier dans un rare entretien accordé au magazine suisse Bilan. Elle disait espérer que "son divorce se terminerait de manière civilisée". Pourtant en février elle a été brièvement interpellée par la police à Chypre. Au nom d'un fonds basé à Chypre et destiné à gérer les sommes allouées aux deux filles du couple, Anna et Katia (25 ans), un avocat chypriote avait déposé une plainte contre Elena l'accusant du vol d'une bague en diamant, d'une valeur de 25 à 50 millions d'euros. Elena, qui arrivait de Suisse à bord d'un jet privé, avait été arrêtée puis interrogée par la police chypriote, avant d'être relâchée sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle. Elle avait assuré que ce diamant lui avait été offert par son mari, deux ans avant la constitution du fonds.
Milliardaire grâce au potassium. Dmitri Rybolovlev a fait fortune dans la potasse, en vendant Uralkali, l'un des plus grands fabricants de potassium au monde. Il a acquis le club de Monaco en décembre 2011 et vit dans la Principauté. Avec le démantèlement de l'Union Soviétique, Dmitri prend le contrôle des mines de potasse dans l'Oural et les intègre à Uralkali, un groupe estimé à 34 milliards de dollars en 2008 à la Bourse de Londres. En pleine campagne contre les oligarques, le couple s'installe par prudence à Genève en 1995. Dmitri passera 11 mois en prison en 1996 et 1997 à Perm, accusé d'avoir commandité le meurtre d'un industriel, avant d'être acquitté en l'absence de preuves.
Un couple, deux styles de vie. C'est le début des problèmes pour le couple. Elena se plaît en Suisse, "mon âme reste russe mais j'apprécie le côté réglementé, fiable et civique de la Suisse", dit-elle à Bilan. "Alors que j'adoptais le mode de vie helvétique, mon mari refusait de s'occidentaliser", ajoute-t-elle. En 2011 Dmitri s'installe à Monaco, où il mène grand train. Il rachète 66,67% des parts du club en faillite, dernier de la L2, et en fait une vedette du championnat de France à coups de millions. Prudemment, Elena avait obtenu en mars 2010 la saisie provisoire des principaux biens de Dmitri en Suisse, ce qu'il conteste devant le Tribunal fédéral (cour suprême) qui ne s'est pas encore prononcée. La saga de ce divorce hors norme est ainsi loin d'être close.