Alassane Ouattara ou Laurent Gbagbo ? La commission électorale et le conseil institutionnel s'opposent.
Alassane Ouattara ne fléchit pas. Il s'est présenté vendredi à Abidjan comme "le président élu de la République de Côte d'Ivoire", en se prévalant des résultats donnés par la commission électorale. Et ce, même si ces résultats considérés comme provisoires ont été invalidés par le Conseil constitutionnel, qui a proclamé, vendredi, vainqueur le président sortant Laurent Gbagbo avec 51,45% des suffrages.
Les votes dans 7 départements annulés
Le Conseil constitutionnel ivoirien a, en effet, invalidé les résultats provisoires de la Commission électorale indépendante (CEI), qui donnaient, jeudi, Allassane Ouattara vainqueur, avec 54,1% contre 45,9% au président sortant. Dirigé par Paul Yao N'Dré, un proche de Laurent Gbagbo, le Conseil constitutionnel a ainsi "annulé" les votes dans sept départements du nord, sous contrôle de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) depuis 2002, où selon le camp Gbagbo le scrutin avait été "frauduleux".
Il a ainsi donné raison au président sortant qui dénonçait "des irrégularités graves et nombreuses de nature à empêcher la sincérité et la régularité des résultats du vote" dans ces zones. Il s'agissait notamment de "bourrages d'urnes" et de cas d'électeurs "empêchés" de voter ou "contraints, sous la menace des armes", de voter pour Allassane Ouattara, selon cette décision du Conseil. C'est la seule institution habilitée à valider les résultats de l'élection présidentielle.
Pour autant, la communauté internationale a félicité en masse Alassane Ouattara pour sa victoire. Elle a également appelé le président sortant Laurent Gbagbo à "reconnaître et respecter" ce résultat.
"Un putsch militaro-civil"
Avant l'annonce de la victoire de du président sortant par le Conseil constitutionnel, le camp de l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara a assuré que "Laurent Gbagbo est arrivé par un putsch militaro-civil à la tête de l'Etat en 2000". Et "peut-être qu'il croit qu'en 2010, après cette compétition ouverte, loyale" et en "s'appuyant sur le putsch de 2000, (...) il peut aussi rééditer un nouveau putsch en 2010", a-t-il poursuivi.
Pour les proches du candidat, le président du Conseil constitutionnel Paul Yao N'dré "vient de se disqualifier, ainsi que l'institution qu'il dirige" en rejetant les résultats provisoires de la commission électorale. "Nous ne reconnaîtrons pas les décisions du Conseil constitutionnel qui seront rendues dans de telles conditions", a-t-il averti.