Le futur bébé de Kate et William n'est même pas encore né - et peut-être toujours pas conçu...- que son avenir agite déjà la Grande-Bretagne et même tout le Commonwealth ! Le Premier ministre britannique, David Cameron, vient de demander aux Etats qui composent cette alliance d'étudier une proposition de réforme de la monarchie britannique. Au programme, l'accession au trône des filles et le mariage des héritiers de la Couronne.
Les filles lésées par rapport aux garçons
La Grande-Bretagne a beau avoir eu une reine pendant la majeure partie de ces 200 dernières années et une grande partie des Britanniques n'avoir connu que des reines - George VI est mort en février 1952 -, les filles sont toujours lésées par rapport aux garçons dans l'accession au trône. Selon l'Act of Settlement, datant de 1700, les héritiers mâles passent devant leurs soeurs aînées dans l'ordre de succession.
Une inégalité archaïque, selon David Cameron. "Nous soutenons l'égalité des sexes dans tous les autres aspects de la vie. Ce n'est pas normal que dans les règles qui régissent la plus haute institution, nous continuions à consacrer la supériorité masculine", écrit le Premier ministre, dans un courrier adressé aux chefs d'Etat des 15 autres pays du Commonwealth. Il propose donc que si le duc et la duchesse de Cambridge mettent au monde une petite fille en premier, elle puisse accéder au trône même si un garçon vient à naître plus tard.
La nouvelle règle devrait s'appliquer même si le premier enfant du couple naissait après l'adoption du changement par le Commonwealth. En revanche, elle ne concernera pas les générations précédentes. Ainsi, la princesse Anne, seconde dans la fratrie des enfants de la reine Elizabeth, ne doublera pas dans l'ordre de succession ses deux frères, Andrew et Edward, pourtant plus jeunes qu'elle.
Les époux catholiques tolérés
Autre changement proposé par David Cameron, la possibilité pour le futur souverain d'épouser un ou une catholique, sans qu'il doive pour autant renoncer au trône - l'Act of Settlement interdit en effet aux catholiques et aux époux de catholiques d'accéder au trône. Pour le Premier ministre, il s'agit d'une "anomalie historique" qui ne se "justifie plus".
Les souverains pourraient même avoir le droit d'élever leurs enfants dans la foi catholique, du moment qu'ils n'ont pas l'intention d'accéder au pouvoir en tant que catholiques. Mais le Premier ministre n'est tout de même pas allé jusqu'à proposer que le souverain puisse être lui-même catholique. Le roi, ou la reine, est en effet à la tête de l’Église d'Angleterre.
Mais toujours pas de souverain catholique
Enfin, David Cameron propose que seuls les six premiers héritiers de la Couronne, dans l'ordre d'accession au trône, aient encore à demander la permission au souverain régnant pour se marier. En effet, selon le Royal Marriages Act de 1772, tous les descendants du roi George II doivent obtenir l'accord du roi ou de la reine pour convoler en justes noces. Mais comme le note The Guardian, "en pratique, il doit y avoir des milliers de descendants mariés de George II à travers le Royaume-Uni qui ne doivent même pas être au courant qu'ils auraient dû demander la permission"...
Tous ces changements devraient être discutés fin octobre, lorsque les dirigeants des 16 pays du Commonwealth se réuniront en Australie. David Cameron espère qu'ils accepteront, a minima, de faire étudier les propositions par leurs parlements nationaux.
Mais même en Angleterre, ces bouleversements de la tradition ne sont pas forcément vus d'un bon oeil. Le quotidien conservateur Daily Mail a même réécrit l'Histoire en imaginant ce que serait devenu le royaume si ces réformes avaient été adoptées à l'époque de la reine Victoria : une couronne déstabilisée par un double empire anglo-allemand - comme le fut l'Autriche-Hongrie -, l'Angleterre devenue une province de l'Allemagne nazie...