Le Pérou est en état d'alerte sanitaire. Ces dernières semaines, les cadavres de centaines et de centaines de dauphins et de pélicans ont été retrouvés sur des plages du nord du pays et de la région de Lima, mais la cause de ces morts massives n'a pas encore pu être déterminée. Ce week-end, les autorités sanitaires ont mis en garde la population, exhortée à éviter les plages et à ne pas manger de poisson cru.
Un virus tuerait les dauphins
Au total, et selon le dernier bilan établi, 5.000 pélicans ont été retrouvés morts sur le littoral en moins de deux semaines, dont 14 pour la seule journée de samedi. Près de 1.000 corps de dauphins ont en outre été retrouvés entre janvier et avril.
Diverses hypothèses sont avancées pour expliquer le phénomène. Les autorités insistent sur le fait que ces deux phénomènes ne sont pas liés, note le New York Times. Le ministère de l'Environnement a prudemment évoqué la possibilité d'un virus pour expliquer la surmortalité des dauphins, écartant pour le moment l'hypothèse d'une conséquence de la pêche au filet ou d'une contamination des eaux.
La pêche mise en cause
Mais un biologiste réputé, Carlos Bocanegra, fustigeant l'absence d'explication officielle, estime qu'"on essaie de sauver certains intérêts", dans un pays où le secteur de la pêche est prédominant. Un ancien ministre de la Santé, Uriel Garcia, a d'ailleurs évoqué dans un éditorial la "pêche excessive", qui ferait mourir de faim les pélicans.
Pour l'ONG Orca (Organisation scientifique pour la conservation des animaux aquatiques), ce sont les activités d'exploration pétrolières dans la zone qui sont à blâmer. En produisant du bruit, celles-ci affecteraient les cétacés, victimes d'un "impact acoustique". Une autre ONG, Mundo Azul, craint de son côté la "mutation d'un virus", qui pourrait représenter "un risque pour la santé humaine".
La piste de l'anchois
L'expert en météorologie Abraham Levy estime quant à lui que ces récents phénomènes pourraient être liés au réchauffement des eaux du Pacifique, qui "altère la chaîne alimentaire". Les anchois, qui préfèrent l'eau froide, seraient ainsi contraints de descendre plus profondément sous le niveau de la mer, hors de portée des becs des pélicans, explique le New York Times.
L'explication n'a pas été validée officiellement, mais elle fournit peut-être une piste. D'après une biologiste interrogée par le quotidien américain, ce petit poisson, dont sont friandes les espèces concernées, pourrait bien être le dénominateur commun, s'il en existe un, entre toutes ces morts inexpliquées.