Un ministre de Poutine veut enterrer Lénine

Boris Eltsine avait déjà tenté de faire fermer le mausolée dans les années 90. © Reuters
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Charles Carrasco , modifié à

Le corps d’un des fondateurs de la l’Union soviétique repose depuis plus de 80 ans sur la place Rouge.

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Toucher à un tel symbole, voilà qui a de quoi irriter les communistes. Le nouveau ministre de la Culture, Vladimir Medinsky veut inhumer un des fondateurs de l’Union soviétique, Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine. En clair, lui faire quitter le mausolée dans lequel il repose, situé sur l’emblématique place Rouge de Moscou.

La raison ? "Le Musée historique (situé lui aussi sur la place Rouge) manque de place : le Mausolée serait donc un musée très populaire avec un billet d'entrée cher", a indiqué le ministre membre du parti Russie unie sur les ondes de la radio Echo de Moscou.

"Respecter les rituels nécessaires"

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Le débat autour de l’inhumation de sa dépouille est régulièrement relancé dans la société russe. Boris Eltsine, président entre 1991 et 1997, avait déjà tenté de faire fermer le mausolée. Le parti pro-Poutine, Russie unie, souhaite lui définitivement tourner la page de l’histoire soviétique de la Russie.

Le corps embaumé de Lénine est exposé depuis 1924, date de sa mort. Le mausolée est maintenu à une température autour de 16°c et le taux d’humidité de 70%. Après 80 ans de conservation, son corps reste encore en très bon état. "Le sort indécis de la dépouille de Lénine est absurde (…) J'ai toujours estimé que le corps de chaque humain doit être enterré selon la tradition. En cas d'inhumation, il faudrait respecter tous les rituels nécessaires, pour éviter un procès à titre posthume", a assuré le ministre Vladimir Medinsky qui précise que Lénine recevrait les "honneurs".

Mais les opposants ne l’entendent pas de cette oreille. Le ministre veut "briser l’opposition", affirme Konstantin Eggert, un journaliste de la Radio Kommersant, au moment où le gouvernement Poutine fait face à un mouvement sans précédent de contestation.

Des rues et des stations de métro

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Le ministre Medinski, un bureaucrate proche du président, fait également partie d’une association qui milite pour la suppression des noms de lieux soviétiques, raconte le New York Times. Il a récemment plaidé pour que des rues prennent le nom de la duchesse Elisabeth Feodorovna, une victime de la Révolution russe et considérée comme une martyr par l’église orthodoxe russe. Il souhaite également que la station de métro moscovite Pyotr Voikov, un révolutionnaire qui a participé à l’assassinat du Tsar Nicolas II et de sa famille, soit renommée.

Après de nombreux changements de noms dans plusieurs lieux symboliques durant les années 90, la Russie possède encore plusieurs avenues Lénine mais également des endroits appelés Felix Dzerzhinsky, un des fondateurs de la police secrète soviétique.