Il faut laisser de côté la "nostalgie" des relations entre la France et la Côte d'Ivoire. C'est en substance le message délivré par François Fillon, en déplacement officiel à Abidjan vendredi. Le Premier ministre, qui effectue une mini-tournée en Afrique de l'Ouest, a voulu profiter de son déplacement pour installer la France comme partenaire économique privilégié de la Côte d'Ivoire.
"Mettre à profit le choc"
Avec 140 filiales d'entreprises françaises, employant 40.000 personnes, et un tissu de quelque 500 PME, la France est déjà le premier partenaire commercial du pays. Pour la Côte d'Ivoire, "tout le défi sera de réussir à mettre à profit le choc qu'elle vient de subir pour réunifier et refonder", a estimé François Fillon. Des représentants d'Alstom, Bolloré, Bouygues, Total ou BNP Paribas ont fait le déplacement aux côtés du Premier ministre.
La Côte d'Ivoire a le potentiel pour devenir "dans la décennie qui vient" un pays émergent, a dit François Fillon, rappelant "l'effort financier exceptionnel" de la France ces derniers mois en direction de son ancienne colonie. Le Premier ministre a en effet indiqué que Paris est disposé à un nouvel effort, renonçant à une tranche d'un milliard d'euros de la dette ivoirienne à l'égard de la France, qui s'élève au total à environ 3 milliards d'euros. La dette serait ainsi effacée à terme puisqu'un trait avait déjà été tiré en mai sur 2 milliards d'euros lors d'une visite du président français Nicolas Sarkozy.
Ne pas être des"ex-colonisateurs qui viendraient asservir"
Le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro a de son côté lancé à la France un "double appel de soutien et de prise de risque" en faveur de l'économie ivoirienne, pour "ouvrir un nouveau chapitre". Ces liens économiques ne doivent toutefois pas être ceux "des ex-colonisateurs qui viendraient asservir" les Ivoiriens mais bien marquer le lancement d'une "relation décomplexée", a prévenu le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire, Jean-Louis Billon.
Hommage aux victimes du Novotel
Avant de rencontrer à la mi-journée Alassane Ouattara, François Fillon a dévoilé une plaque en mémoire du directeur du Novotel d'Abidjan, Stéphane Frantz di Rippel et d'Yves Lambelin, patron français du plus grand groupe privé de Côte d'Ivoire, ainsi que deux de ses collaborateurs, qui avaient été enlevés après avoir protégé notamment des journalistes présents dans l'hôtel puis tués par des partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo en avril, au plus fort de la crise post-électorale. "Nous n'oublierons jamais la mort de ces quatre compagnons d'infortune, victimes de la barbarie et de la folie des hommes", a déclaré le Premier ministre, qui a salué l'abnégation et la bravoure des deux Français.
François Fillon a par ailleurs annoncé que le président français Nicolas Sarkozy avait décidé d'élever Stéphane Frantz di Rippel et Yves Lambelin dans l'Ordre national de la Légion d'honneur.