Une semaine après le raté qui a ravivé les doutes sur la santé du couple franco-allemand, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont se retrouver lundi à Berlin, avec pour objectif de tenter de rapprocher leurs positions sur la gouvernance économique de l'Europe.
Le rendez-vous de la chancelière allemande et du président français avait été programmé le 7 juin pour colmater les brèches apparues entre les deux pays à la faveur de la crise grecque et des menaces sur l'euro. Son report d'une semaine, en dernière minute, a attisé les inquiétudes.
Pourquoi ce report ?
Officiellement, la rencontre a été retardée à cause de l'emploi du temps surchargé d'Angela Merkel, très occupée lundi dernier à négocier avec sa majorité un plan d'austérité draconien pour son pays jusqu'en 2014. La confusion entretenue dans les deux capitales autour du responsable de cet ajournement n'a fait qu'alimenter les commentaires sur les "froideurs et les malentendus", selon les mots du quotidien allemand Die Welt (droite), entre les deux dirigeants.
Pour tordre le cou aux rumeurs de divorce, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont publié mercredi une lettre commune demandant à la Commission européenne d'accélérer ses efforts sur la régulation des marchés financiers. "Il fallait montrer que la France et l'Allemagne travaillent ensemble", a souligné mercredi le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Pierre Lellouche. "La séparation n'est pas une option", a-t-il assuré.
Angela Merkel est elle-même montée au créneau vendredi pour réaffirmer la bonne entente franco-allemande, malgré les agacements suscités en France comme ailleurs en Europe par ses réticences à voler au secours de la Grèce ou à appuyer le plan de soutien de la zone euro. "Je me suis concertée de façon intensive avec Nicolas Sarkozy pendant la crise de la zone euro", a-t-elle juré. "Toutes les décisions importantes ont été préparées et portées ensemble", a tenté de rassurer la chancelière.
Idées divergentes
Pour autant, le menu de la réunion de Berlin s'annonce lourd. Les positions de la France et de l'Allemagne paraissent éloignées sur la question délicate de la coordination des politiques économiques au sein de l'Union européenne et de la zone euro.
Partisan d'un véritable "gouvernement économique" dans la zone euro, Nicolas Sarkozy défend l'idée de réunions régulières de leurs chefs d'Etat et de gouvernement, avec création d'un secrétariat des seize. Au nom de l'indépendance de la Banque centrale européenne (BCE), la chancelière allemande préfère un pilotage économique à 27 et reste très réservée sur la création de nouvelles institutions à vocation économique au sein de la zone euro. Elle verrait bien toute l'Europe suivre son pays sur la voie d'une cure d'austérité.