"Ils sont arrivés comme dans un film d'horreur". Mohamad, opposant au régime de Bachar al-Assad, est encore sous le choc de son agression survenue en août dernier. Comme de nombreux Syriens en exil, il a d'abord été la cible de menaces des diplomates syriens, avant d'être victime d'une tentative d'assassinat.
Les faits remontent au 26 août, place du Châtelet, à Paris. Alors que Mohamad se balade en compagnie d'un groupe d'amis, un groupe d'une vingtaine d'individus arrive à bord de trois véhicules. "Ils descendent, nous insultent, nous disent : 'fils de putes, c'est vous qui venez aux manifestations contre Bachar al-Assad ? On va vous couper la tête, vous êtes des traîtres'", raconte Mohamad.
"C'est vous qui venez aux manifestations ?"
Selon un rapport rendu public mardi par Amnesty International, les diplomates syriens filment et photographient les opposants qui manifestent depuis des mois devant les ambassades de Syrie dans les grandes capitales européennes. Dans certains cas, les manifestants sont victimes d'agressions d'une rare violence. C'est précisément ce qui serait arrivé à Mohamad.
"Ils étaient munis de battes de baseball et de bâtons. Il y en a un qui me tapait la tête sur le trottoir, les autres qui essayaient de me fixer au sol sur la chaussée. Une des voitures a essayé de m'écraser", poursuit le Syrien.
Par chance, Mohamad est parvenu à s'enfuir. Aidé par ses amis, il s'est réfugié dans un bar rue Lafayette. "Et là, on voyait une image horrible : une vingtaine de personnes derrière les vitres. Le groupe nous a menacés et a tenté de casser les vitres. (...) Puis la police est arrivée et là, ils sont partis", confie-t-il.
"La dignité de toute la France est touchée"
Toujours selon Amnesty International, une trentaine de militants syriens en exil dans huit pays (Allemagne, Canada, Chili, Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Suède) témoignent de harcèlement et de tentatives d'intimidation. Mohamad et ses amis ont de leur côté décidé de porter pour agression. "La préfecture de police a renforcé depuis le 26 août son dispositif de protection des manifestants syriens à Paris," a précisé le ministère des Affaires étrangères.
Mais pour Mohamad cette mesure n'est pas suffisante. "Ce qui m'est arrivé ne touche pas seulement ma dignité, mais la dignité de toute la France. A mon avis, la France doit dire assez fort : 'on n'a pas le droit de faire ça sur le territoire français'".
En réponse, la France a réagi mardi au rapport d'Amnesty International en mettant en garde la Syrie contre tout acte violent ou d'intimidation contre des opposants syriens résident sur le territoire. "Nous n'accepterions pas qu'un Etat étranger organise des actions violentes ou des actes d'intimidation sur notre territoire (...) et nous l'avons fait savoir de la façon la plus ferme à l'ambassadrice de Syrie à Paris", a déclaré le porte-parole du ministère français des affaires étrangères, Bernard Valero.