Après la révolution, vient le temps du procès. L’ancien président tunisien, Zine el Abidine Ben Ali, qui s’est enfui en Arabie Saoudite le 14 janvier dernier sous la pression de la rue, sera jugé par contumace dès le 20 juin prochain. Le Premier ministre du gouvernement de transition, Beji Caïd Sebsi, en a fait l’annonce lundi.
Plus de 90 chefs d’accusation
Les autorités provisoires tunisiennes ont instruit plusieurs dossiers juridiques contre le président déchu. Lui et son entourage auront à répondre de plus de 90 chefs d’accusation. Ben Ali est notamment accusé de complot contre la sécurité de l'Etat, homicide prémédité et trafic et usage de stupéfiants.
Dans un premier temps, la justice tunisienne s’intéressera à une affaire portant sur "la découverte d'armes et de drogues dans le palais présidentiel de Carthage", a précisé le ministère tunisien de la Justice. La suivante portera sur les 27 millions de dollars en liquide découverts en février par la commission tunisienne anticorruption dans un palais de Ben Ali à Sidi Bou Saïd dans la banlieue nord de Tunis.
En Europe, plusieurs pays ont déjà gelé les avoirs de l'ex-président tunisien et ceux de sa famille.
"On aurait préféré qu'il soit présent"
Certains militants de droits de l'homme tunisiens estiment cependant que ce procès arrive trop tôt. "On aurait préféré qu'il soit présent", regrette Radia Nasraoui, une avocate qui a passé plusieurs mois en prison sous Ben Ali. "Quelle valeur va avoir ce procès ?" s'interroge-t-elle au micro d'Europe 1.
"On a besoin d'un procès qui montrera à l'opinion publique nationale, mais aussi internationale, que Ben Ali a été jugé pour tous les crimes qu'il a commis", estime Radia Nasraoui. "C'est quelqu'un qui n'a fait que du mal aux Tunisiens", ajoute-t-elle.
Réfugié en Arabie Saoudite, Ben Ali se fait discret
Les autorités saoudiennes n'ont pas répondu pour l'heure à la demande d'extradition de l'ex-chef d’Etat et de son épouse, Leïla Trabelsi. Depuis son départ pour Djeddah, Zine Ben Ali n'a fait aucune apparition publique.
Il était toutefois sorti de son silence le 6 juin dernier, qualifiant de "mascarade", par l'intermédiaire de son avocat français Jean-Yves Le Borgne, le procès instruit à son encontre à Tunis et les perquisitions menées dans ses bureaux.
Par ailleurs, plusieurs membres de la famille de Ben Ali ainsi que des proches ont été arrêtés. Sa soeur, Najet, a notamment été interpellée au début du mois dans la région de Sousse, à 150 km au sud de Tunis. Elle pourrait être poursuivie pour malversations financières.