L’INFO. Le professeur britannique Jeremy Forrest a été reconnu coupable d'"enlèvement d'enfant" jeudi par le tribunal de Lewes, dans le sud de l'Angleterre. Cet enseignant britannique s'était enfui en septembre 2012 en France, accompagné d'une élève de 15 ans avec qui il entretenait une liaison.
L'enseignant en mathématiques, âgé de 30 ans, et la jeune fille avaient fui pour la France le 20 septembre dernier, redoutant que leur relation ne soit découverte, et avaient été retrouvés à Bordeaux, en Gironde, après une escapade d'une semaine. Le professeur avait été interpellé en vertu d'un mandat d'arrêt européen, puis renvoyé au Royaume-Uni et incarcéré. L'adolescente avait quant à elle été remise à sa famille.
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"Je t’aime". Peu avant l'énoncé du verdict, Jeremy Forrest s'est tourné vers la jeune fille, présente au tribunal, et lui a lancé "Je t'aime". Au moment où le verdict est tombé, l'adolescente s'est pris la tête dans les mains et a éclaté en sanglots, tandis que l'enseignant restait de marbre. "Je suis désolée", lui a dit la jeune fille alors qu'il était emmené vers sa cellule. Le père de l'enseignant, Jim, a pour sa part été pris d'un malaise à l'audience et dû être transporté à l'hôpital.
Jusqu’à sept ans de prison. Le tribunal se prononcera sur sa peine vendredi. Jeremy Forrest, qui a effectué près de 9 mois de prison préventive, encourt une peine de prison de sept ans. Le fait que la jeune fille ait été consentante pour fuir n'était pas un argument, étant donné qu'elle était mineure et que ses parents n'avaient pas donné leur accord, avait souligné l'accusation.
"Il ne s'agit pas de Roméo et Juliette". "Pour notre famille, ces neuf derniers mois ont été le pire des cauchemars", a déclaré la mère de la jeune fille dans un communiqué lu par un porte-parole devant le tribunal. Jeremy Forrest "a non seulement trahi la confiance que tous les parents de l'école avaient placée en lui mais il a aussi déshonoré sa profession", a asséné Portia Ragnauth, représentante du Parquet, après le verdict. L'accusation avait dressé un réquisitoire extrêmement sévère mercredi, en décrivant Jeremy Forrest comme un homme avide de "chair fraîche", pouvant être considéré comme un "pédophile". "Il ne s'agit pas de Roméo et Juliette. Il s'agit d'une fille de 15 ans, avec ses faiblesses personnelles, et d'un enseignant de 30 ans", avait insisté le parquet dès le début du procès.
Un baiser dans la salle de classe. Des enseignants de l'établissement où l'accusé enseignait, l'école Bishop Bell à Eastbourne, ont toutefois dressé un portrait plus élogieux du professeur, décrit comme doué et consciencieux, et dévoué à ses élèves. Sa femme avait exposé les difficultés conjugales du couple et raconté comment son mari était devenu quelques mois après leur mariage en 2011 de plus en plus distant et secret. Alors que des bruits s'étaient mis à courir dès février 2012 sur une relation entre le professeur et l'élève, Jeremy Forrest avait été mis en garde à plusieurs reprises par la hiérarchie de l'école, mais il avait toujours démenti les rumeurs.
La relation, commencée par un baiser dans une salle de classe alors que la jeune fille n'avait que 14 ans, était devenue sexuelle peu après le 15e anniversaire de l'adolescente, à l'été 2012. L'accusation a mis l'accent sur les textos et photos suggestifs échangés par le couple, qui se retrouvait dans des hôtels, dans la voiture et dans la maison du professeur pour avoir des rapports sexuels. Le 20 septembre, alors que la police était venue l'interroger chez elle sur cette relation, l'adolescente a, selon son propre témoignage, "paniqué" et décidé de fuir. Elle a expliqué que Jeremy Forrest avait d'abord essayé de l'en dissuader, mais qu'il avait finalement décidé de partir avec elle car il ne voulait pas la laisser seule, alors qu'elle avait des pensées suicidaires.