Les émeutes ont fait de nouvelles victimes, mercredi en Tunisie. Dans l’agitation de la rue, deux civils ont été abattus par balle à Douz, une ville de 30.000 habitants située à 550 km de Tunis, jusqu’alors épargnée par la violence de la contestation.
Parmi les victimes figure Hatem Bettahar, un franco-tunisien de 38 ans, qui a enseigné durant plus de dix ans à l’Université de technologie de Compiègne (UTC). Il était en poste en tant que professeur en génie informatique. "Il était en Tunisie dans le cadre d'un échange universitaire avec un établissement d'enseignement à Gabès (sud-est de la Tunisie)", a détaillé le Quai d'Orsay.
Selon plusieurs sources, Hatem Bettahar a été pris dans la tourmente d’une manifestation pacifique entamée mardi soir, et qui a dégénéré dans la journée de mercredi. Des jeunes s’en seraient pris à des bâtiments publics, ainsi qu’à un poste de police et à un local de la sous-préfecture. Les forces de l’ordre sont ensuite intervenues, dispersant les manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes et de tirs à balles réelles.
Une mort "injuste"
Joint par Europe 1, Abdelwaled, un cousin de Hatem Bettahar vivant en France, a appris la nouvelle en téléphonant à sa famille, en Tunisie. "Tout le monde était en état de choc, là-bas", a-t-il confié. "Ce n’était pas une personne qui cherchait les problèmes, ce n’était pas un délinquant, ni un terroriste. C’est injuste", a aussi déploré le cousin de la victime.
Par ailleurs, selon lui, Hatem a été bel et bien été atteint par un de policer, en pleine tête. Une vidéo publiée par le site Rue89 montre Hatem Bettahar gisant. Elle semble plutôt laisser penser qu'il a été atteint au niveau du dos.
Une carrière brillante
Hatem Bettahar cumulait les titres universitaires. En 2001, il avait soutenu une thèse de doctorat relativement complexe sur les "protocoles de routage dans l’Internet". Après un DEA obtenu à l’Université de Compiègne, il avait été diplômé en ingénierie informatique en 1997.
Après avoir enseigné dans l’Oise, Hatem Bettahar avait regagné la Tunisie avec sa femme et sa fillette en 2009.
Les troubles se poursuivent
De violents affrontements ont opposé les forces de sécurité à des jeunes dans la banlieue de Tunis dans la nuit de mercredi à jeudi, et ce malgré le couvre-feu imposé dans la capitale tunisienne et ses environs (une première depuis l'arrivée au pouvoir de Ben Ali, en 1987). Des bâtiments publics ont été partiellement incendiés et des commerces ont été également endommagés.
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