Elle croupit dans les geôles turques depuis près d'un mois. Sevil Sevimli, une étudiante lyonnaise en échange Erasmus à l'université Anadolu d’Eskisehir, à 300 km au sud-est d’Istanbul, est détenue en Turquie depuis le 10 mai pour des faits présumés de terrorisme, raconte vendredi le journal Libération. Son crime ? Une appartenance présumée au Front de libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C), un groupe d'extrême gauche illégal.
Elle est un "peu bouleversée"
Âgée de 19 ans, Sevil Sevimli est "un peu bouleversée, car elle ne comprend pas pourquoi on l'a arrêtée", précise dans les colonnes du journal son avocat, Me Sami Kahraman. Une incompréhension d'autant plus grande que son dossier est classé confidentiel en raison d'une loi antiterroriste de 2006. Me Sami Kahraman ne peut donc savoir quels sont les faits précis reprochés à sa cliente. Les seuls éléments en sa possession sont les questions posées à l'étudiante lors de ses interrogatoires.
"Il n'y a aucune preuve de son appartenance à cette organisation", déplore encore l'avocat qui précise que toutes les questions portaient sur des "activités publiques et légales".
Aucune preuve évidente
Sevil Sevimli est cependant toujours privée de liberté. Toutes les demandes de libération de la Française ont abouti à des fins de non-recevoir. La Cour d'assises à compétence spéciale d'Ankara estime en effet que "le dossier n'est pas encore complet" et que l'accusée "peut s'enfuir et déformer les preuves".
Autre difficulté et pas des moindres, Sevil Sevimli est à la fois française et turque. Or, en Turquie la double nationalité n'est pas reconnue. Elle est donc une simple citoyenne turque au regard des autorités locales. La marge de manœuvre du Quai d'Orsay s'annonce donc limitée. "L'ambassade de France à Ankara est informée de la situation de Sevil Sevimli et s'est tournée vers les autorités turques pour demander à la rencontrer", a précisé le ministère des Affaires étrangères à Europe1.fr. "Elle suit le dossier avec la plus grande attention".