Un déjeuner pour célébrer l’amitié franco-allemande. François Hollande et Angela Merkel se retrouvent samedi au château de Ludwigsburg, une ville du Bade-Wurtemberg, pour un déjeuner de travail dont le plat de résistance devrait être l’union bancaire européenne et le projet de fusion entre EADS et BAE.
Les deux dirigeants ne se sont pas vus depuis la visite éclaire de François Hollande à Berlin, le 23 août dernier. Ils devraient donc profiter de cette occasion pour accorder leurs violons, à un mois du Conseil européen du 18 octobre. Le projet de futur supervision bancaire européenne devrait figurer au menu, car la France et l’Allemagne peinent à trouver une position commune sur ce dossier.
Deux positions différentes
Le but de cet instrument : rompre l’interdépendance entre les banques et les gouvernements endettés, un cercle vicieux qui a fait empirer la crise. Dès juin dernier, Berlin s’est prononcé en faveur de cette réforme, tout en mettant en garde contre une mise en garde trop hâtive. L’Allemagne s’inquiète en effet de la possible perte de son droit de regard sur les banques régionales et coopératives du pays.
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La France, elle, plaide pour une supervision de l’ensemble des quelque 6.000 banques de la zone euro. L’Allemagne, de son côté, préfèrerait la limiter aux grandes banques, dites systémiques, dont la faillite aurait un impact fort sur la finance européenne.
Pris de court sur EADS
Sur le dossier de la fusion entre le groupe de défende et d’aéronautique européen EADS et le Britannique BAE, Paris et Berlin vont devoir se mettre d’accord. L’annonce intempestive de ce projet de fusion a en effet pris de court les dirigeants politiques. Bernard Cazeneuve, le ministre des Affaires européennes, a estimé qu’il restait "énormément d’obstacles techniques à lever" avant un feu vert de Paris et Berlin.
Côté allemand, on estime que le dossier, s’il a donné lieu à des discussions entre conseillers techniques, n’est pas encore assez avancé pour permettre d’établir une position commune. Pour la France, qui ne souhaite pas pour l’instant se retirer du capital, la question de la gouvernance est cruciale. Il en va de même pour celle du cantonnement de certaines activités militaires, hautement stratégiques.
Relation personnelle
Mais ce déjeuner a aussi pour but de rapprocher le socialiste François Hollande et la conservatrice Angela Merkel. Les deux dirigeants n’ont pas encore forgé une relation personnelle forte, à l’image par exemple de celle qui liait François Mitterrand à Helmut Kohl. Vue d’Allemagne, la vision européenne de François Hollande paraît encore un peu floue.
"On est dans une période d’ajustement", analyse un diplomate interrogé par Reuters, avant d’ajouter : "comme la crise est très forte, il n’y a pas beaucoup de temps".
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