Ce serait une première au Royaume-Uni. La ville de Manchester pourrait ouvrir la première école LGBT du pays, rapporte The Guardian. Le projet, porté par une ONG luttant contre l'homophobie en milieu scolaire, s'est attiré le soutien des autorités locales. La structure recevrait des élèves gays, lesbiennes, bisexuels ou trans qui sont victimes d'exclusion dans leur école d'origine.
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Pour des élèves LGBT mais pas que. L'ONG à l'origine du projet, LGBT Youth North West, spécialisée dans des interventions en milieu scolaire, agit déjà chaque année auprès de 9.000 élèves et 1.000 professeurs pour sensibiliser aux questions LGBT. La structure qu'elle a conçu pourrait ouvrir dans les trois ans et recevrait 40 élèves à temps-plein et 20 élèves à temps partiel. Mais l'établissement ne sera "pas exclusif", assure la directrice de l'ONG, Amelia Lee, et pourra aussi recevoir des élèves jeunes parents ou souffrant de troubles mentaux.
L'école est pour l'instant l'objet d'une étude de faisabilité, avec le soutien du ministère britannique des collectivités locales.
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"Sauver des vies". "Malgré les lois qui disent protéger les homosexuels du harcèlement dont ils peuvent être victimes, la vérité est que dans les écoles, le harcèlement est incroyablement présent et provoque l'isolement et l'aliénation des victimes", a expliqué au Guardian Amelia Lee, directrice de l'ONG. La conséquence ? Ils ne viennent plus à l'école et "dans le pire des cas", se suicident, selon elle. La militante est formelle. Avec son projet d'école pour public LGBT, "on parle de sauver des vies".
Amelia Lee pointe du doigt les écoles classiques qui "échouent à reconnaître et à incorporer les besoins des élèves qui se débattent avec leur identité". "Nous pouvons espérer qu'elles deviennent plus inclusives mais pour le moment, nous avons besoin de plus d'écoles spécialisées".
L'estime de soi. "L'école proposera une ambiance douce et de soutien", explique Amelia Lee. «Le programme sera fait sur-mesure, de manière à répondre aux besoins de chaque enfant", en incorporant "connaissances scolaires et techniques de travail, de façon à renforcer l’estime de soi et les compétences pratiques". L'ONG avance par exemple "des séances de travail dans un café social ou dans un jardin communautaire".
"Aucun professeur n'est intervenu pour m'aider". Un projet qui réconfortera les élèves victimes d'homophobie ou de transphobie. Ellie fait partie de ces jeunes qui s'est tournée vers l'ONG après avoir été "outée" par un camarade de classe. "L'école a été terrible", rapporte-t-elle, "le prof d'EPS me faisait me changer dans les vestiaires des garçons sous prétexte que je n'étais pas attiré par eux". La jeune fille raconte au Guardian avoir subi "des commentaires, tout le temps, en classe et dans les couloirs". "Aucune des professeurs n'est intervenu pour m'aider", ajoute-t-elle.
Rob, une autre victime de harcèlement homophobe déplore aussi l'attitude de ses professeurs : "ils doivent nous aider à nous sentir en sécurité à l'école". Il attend aussi qu'ils apprennent "aux autres élèves que les personnes LGBT veulent juste être comme les autres". "Mais rien de cela ne se passe", dénonce Rob, "le résultat, c'est que pour les élèves LGBT, le harcèlement devient routinier alors que si c'était du sexisme ou du racisme, ce ne serait pas toléré un seule seconde".
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