Au printemps dernier, elle était proche de la mort. Mais aujourd'hui, Emma, sept ans est quasiment guérie d'une leucémie aiguë lymphoblastique et ce grâce à un traitement complètement nouveau : des médecins lui ont inoculé un "morceau" du virus du sida qui lui a fait disparaître les cellules cancéreuses.
Ce traitement expérimental, dont Emma est le tout premier enfant à bénéficier, a été réalisé par des médecins de l'hôpital pour enfants de Philadelphie aux Etats-Unis. Ce "miracle" a été présenté au Congrès américain d'hématologie qui se tient en ce moment à Atlanta.
Elle a rechuté à deux reprises
Cette forme de leucémie atteint la moelle osseuse. En général, face à cette maladie, les probabilités de guérison ne sont pas mauvaises mais elles se réduisent considérablement en cas de récidive. Et malheureusement pour Emma, qui avait à l'époque six ans, elle a rechuté. Elle a alors été traitée par chimiothérapie à deux reprises mais la maladie continuait de se développer et les médecins semblaient être à court d'options.
Prêts à tout, ces parents ont demandé un traitement expérimental à l'hôpital pour enfants de Philadelphie où elle était hospitalisée. Ce traitement expérimental n'avait pour l'instant été essayé que sur trois adultes mais avec des leucémies chroniques.
Filtrer le sang du malade
Le traitement consiste donc à inoculer une forme atténuée du VIH afin de reprogrammer le système immunitaire, notamment les lymphocytes T et ainsi détruire les cellules cancéreuses.
Les médecins ont filtré le sang du malade pour récupérer les lymphocytes T, ces cellules tueuses de notre système immunitaire. Ils vont ensuite injecter une forme modifiée du VIH dans ses cellules. Cette opération va donc transformer les lymphocytes T pour qu'ils ne reconnaissent et réduisent qu'un certain type de cellules cancéreuses, comme celles de la leucémie dans le cas d'Emma.
"Tout simplement merveilleux"
Le médecin américain, Michel Sadelin a lui aussi déjà pratiqué cette technique sur quelques adultes à New York. "Elle ne deviendra pas séropositive. On utilise un morceau du virus du sida qui, par ailleurs, causait une maladie terrible à des fins thérapeutiques. C'est tout simplement merveilleux", affirme ce médecin, interrogé par Europe 1. Mais le combat d'Emma n'est pas terminé. "Il faut être prudent, il pourrait encore y avoir quelques cellules leucémiques qui pourraient rechuter. Mais pour l'instant, les résultats sont très encourageants", renchérit Michel Sadelin.
Cette technique est révolutionnaire, assurent de nombreux cancérologues français. Car les perspectives sont nombreuses. Les scientifiques cherchent d'ores et déjà à appliquer cette méthode à d'autres cancers : celui du sein ou de la prostate. En attendant, Emma n'a pas rechuté et elle est retournée à l'école.