Dessiné par Le Corbusier, construit sous Saddam Hussein puis tombé dans l'oubli: c'est l'étrange destin du Gymnase de Bagdad, auquel l'Irak s'efforce aujourd'hui, avec l'aide de la France, de rendre ses lettres de noblesse architecturales.
Situé dans l'est de la capitale, ce monumental vaisseau amiral de béton a étonnamment bien résisté aux décennies de bouleversements --guerres, sanctions, violences-- que vient de traverser l'Irak.
Commandé en 1957 par un Irak alors ouvert sur le monde et riche de son pétrole, le Gymnase ne représente qu'une petite partie de la vaste Cité olympique un temps projetée. Le Corbusier, considéré comme l'un des plus grands architectes du XXè siècle, est alors au faîte de sa gloire.
Mais la révolution irakienne de 1958 met le projet en sommeil. C'est Saddam Hussein, féru d'architecture, qui l'en tirera en 1980. Le Gymnase sera achevé deux ans plus tard, bien après la mort de son concepteur (1965), mais sous l'égide d'un de ses anciens associés, Georges-Marc Présenté, qui veillera à la stricte application de ses principes.