L’INFO. Alors que le pape François a fait savoir jeudi qu’il lançait une commission chargée d’enquêter sur la banque du Vatican, un évêque, un membre des services secrets italiens et un intermédiaire financier ont été arrêtés vendredi dans le cadre d’une enquête menée par la justice italienne.
Fraude et corruption. Les trois hommes ont été arrêtés vendredi dans le cadre d'une enquête de la justice italienne sur l'Institut des oeuvres de religion (IOR), la banque du Vatican, ont annoncé les médias.
Selon le site du Corriere della Sera, le prélat arrêté est Mgr Nunzio Scarano, évêque de Salerne, dans le sud de l'Italie. La télévision Sky TG-24 indique que les trois hommes sont soupçonnés de fraude et corruption. Ces derniers ont été arrêtés par la police financière sur ordre du parquet de Rome. Selon le quotidien La Repubblica, Mgr Scarano est également visé par une enquête du parquet de Salerne pour blanchiment d'argent.
20 millions d'euros en espèces. Le prélat, membre de l'Administration du patrimoine du siège apostolique(APSA), l'organisme qui gère les biens du Saint-Siège, a été suspendu de ce poste jeudi, selon la même source. L'agence Ansa indique que l'enquête qui a valu l'emprisonnement de ces trois personnes porte sur le rapatriement en Italie de 20 millions d'euros en espèces depuis la Suisse.
Ces 20 millions appartiendraient à des amis de Mgr Scarano et le fonctionnaire du contre-espionnage italien arrêté se serait engagé à faire rentrer l'argent en Italie à bord d'un avion privé, moyennant une récompense de 400.000 euros, selon la même source.
L’aboutissement d’une longue enquête. L'arrestation des trois hommes a été faite dans le cadre d'un filon indépendant d'une vaste enquête lancée par la justice italienne en septembre 2010 qui visait le président de l'IOR Ettore Gotti Tedeschi et le directeur général Paolo Cipriani de l'époque pour violation de la législation contre le blanchiment d'argent. Des dizaines de millions d'euros avaient été bloqués dans le cadre de cette enquête qui avait conduit, entre autre, au limogeage de la direction du IOR.
Au fil des ans, des scandales retentissants ont entaché la réputation de l'IOR, des milieux criminels ayant profité de l'anonymat ou de prête-noms pour y blanchir leurs fonds. Le plus important avait été en 1982 la faillite du Banco Ambrosiano, un scandale bancaire qui mêlait CIA et loge maçonnique.
L'IOR gère 19.000 comptes appartenant en majorité au clergé catholique, soit environ 7 milliards d'euros, et donc aussi bien ceux de la soeur philippine qui fait ses études à Rome que des évêques et cardinaux ou de certains diplomates, ainsi que les transferts d'argent des congrégations religieuses. Le nouveau président du IOR, l'Allemand Ernst von Freyberg, nommé quelques jours avant la démission de l'ancien pape Benoît XVI, a entrepris de faire vérifier un par un les comptes de l'IOR par l'Agence américaine de consultants financiers Promontory.