Le scandale "Vatileaks" n'est pas prêt de s'arrêter. De nouvelles fuites de documents confidentiels du Vatican sont apparues dans la presse italienne dimanche. Et elles vont certainement se poursuivre, dix jours après l'arrestation du majordome du pape, Paolo Gabriele et alors que le Vatican est éclaboussé par plusieurs affaires depuis janvier.
"Ils s'en servent selon une stratégie"
"Cela fait des mois que des documents anonymes ou signés sont publiés, et ceux d'aujourd'hui ne seront pas les derniers", a prédit le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, dans un point de presse à la fin de la Rencontre mondiale des familles présidée par le pape à Milan. "Ceux qui ont reçu ces documents s'en servent selon une stratégie et n'ont certainement pas l'intention de le faire en une seule fois", a-t-il ajouté, au sujet de ses fuites répétées qui créent des tensions au Saint-Siège et affaiblissent indirectement la position du pape Benoît XVI.
Le quotidien La Repubblica a fait état de trois nouveaux documents, l'un adressé au cardinal Tarcisio Bertone et deux autres qui seraient signés par le secrétaire particulier du pape, Georg Gänswein. Le journal affirme avoir en outre reçu une lettre du "corbeau" qui serait à l'origine des affaires du "Vatileaks" depuis janvier. Selon le quotidien, le "corbeau" affirme posséder des centaines de documents et demande que soit "chassés du Vatican les vrais responsables de ce scandale, le cardinal Bertone et le père Gänswein".
Il n'était pas la seule taupe
Jusqu'à maintenant, la seule personne, directement impliquée dans ce scandale, était le majordome du pape. En début de semaine, l'interrogatoire formel par la justice vaticane de Paolo Gabriele devrait commencer alors que l'enquête se poursuit dans le plus grand secret sur la recherche des autres responsables. L'homme est actuellement dans une cellule du Vatican et ne peut pas s'exprimer à la presse.
Ces nouvelles fuites montrent que d'autres "taupes" ont donc bien rompu le serment de confidentialité auquel sont tenus ceux qui travaillent dans l'administration du Vatican. Il y aurait un réseau fournisseur d'une vingtaine de laïcs ou prélats à tous les étages du Vatican, selon l'auteur du livre qui a fait scandale, Gianluigi Nuzzi. Cinq personnes auraient été interrogées la semaine dernière mais il faudra encore du temps aux enquêteurs car l'administration du Vatican concentre près de 2.000 personnes.
Les mobiles
Certains complices de l'institution religieuse risquent l'excommunication. Deux hypothèses reviennent régulièrement en Italie, raconte Le Figaro lundi. La plus répandue est celle qui viserait à pousser le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat et numéro deux du Vatican, à la démission. L'autre option : des "corbeaux" auraient eu l'intention d'aider le Pape à mettre de l'ordre dans la curie en révélant les dysfonctionnements.
Pour certains experts, le majordome aurait même pu être manipulé. "Il paie sûrement pour beaucoup de gens", assure Caroline Piggozi, spécialiste du Vatican. Un homme "discret, distingué, pas passionnel", qui selon cette journaliste, n'aurait pas pu se lancer seul "dans une opération mains propres", alors qu'il "vénérait le Pape". Il s'agit, selon elle, d'une affaire "politique" qui pourrait profiter à ce "certains prélats autour du cardinal Bertone".
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