Frappés par une pénurie de papier, des petits journaux du Venezuela éprouvent les plus grandes difficultés à être diffusés, certains devant se contenter d'éditions en ligne, d'autres réduisant leur pagination ou leurs jours de parution. Le manque de dollars, dû à un drastique contrôle des changes imposé il y a dix ans par les autorités pour endiguer la fuite des capitaux, limite les capacités d'achat des importateurs de papier et d'autres produits nécessaires aux fonctionnement des rotatives, comme les planches d'impression ou l'encre.
Carlos Correa, président d'Espace Public, une ONG de défense de la liberté d'expression, explique que sur une centaine de journaux régionaux au Venezuela, près de la moitié souffrent de la pénurie de certains produits, une façon de faire taire des médias critiques envers le gouvernement, estiment des secteurs de la société. "Les grands médias, avec plus de moyens et des stocks conséquents, se fournissent directement. Les plus fragiles sont les journaux de province, qui dépendent des importateurs. Le gouvernement doit rendre transparent l'accès aux devises pour acheter les produits" nécessaires à la confection des publications, ajoute-t-il.
L'importation de papier, constituait, avec les médicaments et les aliments, une priorité pour la Commission d'administration des devises (Cadivi), organisme officiel chargé d'allouer des devises aux entreprises, au taux officiel de 6,3 bolivares pour un dollar.
Mais l'obtention de ces devises a été encore compliquée depuis que l'année dernière, les autorités ont imposé à ces importateurs de présenter un certificat attestant que les biens qu'ils achetaient à l'étranger ne pouvaient être acquis auprès d'entreprises locales.