La France a-t-elle entamé sa crédibilité dans le dossier des navires Mistral ? Mardi, Paris a annoncé le report sine die de la livraison des bâtiments de guerre à la Russie. Pour limiter la casse, le ministre de la Défense se lançait au même moment dans une opération séduction auprès de la Pologne pour vendre des armes françaises et rassurer ses partenaires.
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Un coup de main de la Pologne. Jean-Yves Le Drian s'est rendu spécialement à Varsovie, pour annoncer en personne le reporte à Tomasz Siemoniak, son homologue polonais, parmi les plus opposés à la livraison des Mistral à la Russie. Car la Pologne négocie actuellement la vente de quelque 100 hélicoptères de combat Tigre (30 appareils) et Caracal (70). Le message à faire passer à Varsovie, c’est donc le sérieux de la France sur les ventes d’armes, puisqu’elle est prête à sacrifier un contrat de plus d’un milliard d’euros pour garantir la sécurité de ses alliés. Avec un sous-entendu : il serait bon qu’en retour, ces mêmes alliés donnent un coup de main à Paris et préfèrent les armes françaises aux américaines.
… avant l’Inde et les monarchies du Golfe. Jean-Yves Le Drian va marteler ce même discours en Inde, où il se rend dans trois jours pour négocier un contrat portant sur 126 Rafale, pour un total de 15 milliards d’euros. Bis repetita la semaine suivante, dans les monarchies du Golfe pour rassurer l’Arabie saoudite, mais aussi le Qatar et les Emirats arabes unis.
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Alors que les ventes d'armes ont atteint un total de 7,5 milliards d'euros en 2014, cette opération de charme diplomatico-commerciale doit permettre au ministre de la Défense de soutenir l’emploi en France et le budget des armées tout en se positionnant en partenaire stratégique plutôt qu’en simple marchand d’armes.