L'INFO. Depuis plusieurs mois, les indices d'une utilisation d'armes chimiques en Syrie s'accumulaient. Puis est venu le temps des preuves scientifiques. Selon les informations exclusives obtenues mardi par Europe 1, du gaz sarin a été retrouvé dans les analyses sanguines des victimes du régime syrien. Un peu plus tard, la diplomatie française a confirmé : la France a "la certitude que le gaz sarin a été utilisé en Syrie à plusieurs reprises et de façon localisée", a annoncé mardi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, précisant que c'est le régime de Bachar al-Assad qui y a eu recours contre les membres de la rébellion.
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Que sait-on ? Désormais, il n'y a aucun doute pour les autorités françaises que les échantillons prélevés à Jobar par les journalistes du Monde, et ceux recueillis à Saraqeb, dans la province d'Idlib au Nord, par une source qualifiée de très sûre, contiennent des traces de gaz sarin. Dans le cas de Saraqeb, il est également établi que c'est un hélicoptère de l'armée syrienne qui a largué les bombes à sous-munition. "Il ne fait aucun doute que c'est le régime et ses complices" qui s'en sont servis, a déclaré le patron du Quai d'Orsay sur France 2, mardi soir.
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"Nous sommes certains que le gaz sarin a été utilisé. Nous avons nous-mêmes nos échantillons. Il est très probable que l'utilisateur soit le régime syrien mais ne nous ne sommes pas au stade de dire que c'est définitif", a affirmé mercredi Peter Ricketts, ambassadeur de Grande Bretagne en France, invité d'Europe 1. Une information confirmée par un porte-parole du gouvernement britannique qui assure avoir "des preuves physiologiques" qui ont révélé la présence de gaz sarin.
Priorité à la négociation. Laurent Fabius a précisé hier soir que toutes les options sont sur la table, y compris celle d'une action armée. Mais pour le moment, la priorité reste la négociation du côté du Quai d'Orsay, affirme une source contactée par Europe 1.
Insuffisant pour l'ONU. En administrant cette preuve, la France veut faire pression sur le président Bachar al-Assad pour qu'il permette enfin aux inspecteurs de l'ONU de venir enquêter en Syrie. Pour les Nations unies, les éléments apportés pour le moment par la France sont par nature insuffisants. Car la preuve absolue ne peut provenir que d'échantillons prélevés par des enquêteurs assermentés. Une étape indispensable avant une saisie du Conseil de sécurité. C'est aussi une façon de donner du poids à la conférence de Genève, qui doit se tenir le mois prochain, et doit tenter de trouver une fin de conflit négociée.
Insuffisant pour Washington. On est donc encore loin d'une déclaration de guerre. D'autant que, pour le moment, Washington estime les preuves encore insuffisantes et que Moscou est toujours prêt à livrer des missiles à l'armée syrienne de Bachar al-Assad. Une armée qui d'ailleurs ne cesse de progresser sur le terrain. Elle vient d'annoncer mercredi matin avoir repris la région de Qousseir, à l'Ouest, bastion des rebelles depuis plus d'un an.