Des jets de pierre, des gaz lacrymogènes et deux communautés qui se font face en bouillonnant. Une nouvelle fois mercredi, la violence a explosé en plusieurs points à Jérusalem. Depuis plusieurs mois, la tension atteint des niveaux inouïs dans la ville coupée en deux entre l’Ouest israélien et l’Est palestinien et revendiquée comme capitale de l'Etat hébreu. Des étincelles de violences qui font craindre désormais une troisième Intifada. Europe 1 vous explique ce qui se joue au pied du Mont des oliviers.
• Que s’est-il passé à Jérusalem mercredi ?
La ville sainte a connu l’une de ses pires flambées de violence récentes avec l’explosion de la tension en deux endroits.
Une nouvelle attaque à la voiture bélier a eu lieu dans une rue séparant Jérusalem-Ouest et Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville. Un Palestinien de 38 ans a précipité son van sur des passants, avant de sortir de son véhicule pour attaquer des piétons avec une barre de fer, selon la police qui a abattu l’homme. Un policier israélien a été tué et une dizaine de personnes blessées.
Le Hamas et le Djihad islamique, deux organisations palestiniennes implantées dans la bande de Gaza, à plusieurs centaines de kilomètres de Jérusalem, ont salué cet attentat. Le Hamas a revendiqué cette attaque.
Un peu plus tôt, dans la matinée, c’est sur l’esplanade des Mosquées que s’était concentrée la violence à Jérusalem. Jeunes Palestiniens et policiers israéliens se sont violemment affrontés sur l'esplanade des Mosquées
• Pourquoi une telle flambée de violences en ce moment ?
Il faut revenir quatre mois en arrière pour bien comprendre ce qui se déroule à Jérusalem. Au mois de juin, trois adolescents israéliens sont kidnappés et retrouvés mort en Cisjordanie. En représailles, quelques semaines plus tard, un adolescent palestinien est enlevé dans la partie Est - palestinienne - de la ville. Son corps est retrouvé et l’autopsie révèle que le jeune homme de 16 ans a été brûlé vif. Ces crimes font monter la tension entre Israël et le Hamas et au final, l’opération Bordure protectrice est lancée à Gaza. Plus de 2.100 Palestiniens perdent la vie.
Depuis, la ville sainte est effroyablement crispée. La moindre étincelle peut déclencher un brasier. Les exemples de cette extrême tension sont nombreux.
- Mi-octobre, un Palestinien tue un bébé de 3 mois et une Équatorienne dans une précédente attaque à la voiture bélier.
- Lorsqu’Israël annonce la construction de 1.000 logements supplémentaires dans la partie palestinienne de la ville, les Palestiniens préviennent d’une possible "explosion" de violence.
- Deux jours plus tard, un militant ultra-nationaliste israélien est blessé, son attaquant tué par la police et les troubles se déplacent sur l’esplanade des Mosquées.
• Pourquoi l’esplanade des Mosquées semble-t-elle être l’épicentre des tensions ?
La raison originelle est religieuse. Située du côté Est de Jérusalem, l’Esplanade des mosquées est le troisième lieu saint de l’Islam, après La Mecque et Médine en Arabie saoudite. Les musulmans sont donc nombreux à venir s’y recueillir. Mais le Mont du temple, le nom utilisé par les juifs pour l’esplanade des Mosquées, est également un lieu de pèlerinage du judaïsme. Les deux religions entrent donc en collision quand il s’agit de cette partie de Jérusalem.
Le militant blessé le 30 octobre était connu pour revendiquer le droit aux juifs de venir prier au Mont du temple. Les événements qui ont suivi son agression ont mené à la fermeture temporaire du lieu de prière. Une mesure exceptionnelle et donc mal prise par la communauté musulmane. Mahmoud Abbas, le président palestinien, a parlé de "déclaration de guerre".
Depuis, l’excitation n’en finit plus de grimper sur l’esplanade. Mercredi matin, des policiers israéliens ont pénétré dans la mosquée Al-Aqsa, qui s’y trouve. Une incursion inhabituelle, inédite même, selon Adnane al-Husseini, le gouverneur de Jérusalem-Est.
De crainte de l’arrivée de militants juifs sur place, des jeunes Palestiniens avaient passé la nuit sur l’esplanade des Mosquées, fermée par plusieurs portes. Selon la police israélienne, les officiers se sont trouvés sous les jets de pierre et de pétard en ouvrant les portes. Ils ont alors pénétré sur l’esplanade et jusque dans la mosquée où s’étaient retranchés les manifestants.
Après les affrontements, des fidèles s’affairaient pour nettoyer les lieux. Certains tapis étaient partiellement brûlés, probablement par des grenades lacrymogènes. Cette incursion pourrait bien rendre l’atmosphère encore plus âcre à Jérusalem.
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