La contestation va-t-elle reprendre en Egypte ? Dans la nuit, des centaines de jeunes manifestants se sont opposé à la police sur la place Tahrir au Caire. La foule était rassemblée pour protester contre les lenteurs des procédures judiciaires engagées contre l'ancien régime, et pour réclamer le départ du chef du CSFA, le conseil militaire qui dirige le pays. Les manifestants ont été visés par des tirs de gaz lacrymogène, ripostant parfois à coups de pierres.
Les troubles ont continué de manière sporadique et moins violente mercredi matin, avec de petits groupes de manifestants qui ont lancé des pierres sur la police. L'armée, qui dirige le pays depuis la chute du président Hosni Moubarak, a publié mercredi un communiqué dans lequel elle dénonce une tentative de "déstabilisation" du pays et de "monter les révolutionnaires contre la police".
C'est la première fois depuis des semaines que des violences se produisent sur ce haut-lieu des manifestations qui ont abouti au renversement de l'ancien président Hosni Moubarak le 11 février dernier.
"Le peuple veut la fin du régime"
Les premiers heurts ont éclaté mardi soir dans un quartier proche de la place où les familles de plusieurs des 840 victimes civiles de la "Révolution du Nil" s'étaient rassemblées dans un théâtre pour un hommage aux "martyrs". La police, en tenue anti-émeute, a empêché les manifestants de marcher vers le siège du ministère de l'Intérieur, qui a pour sa part accusé un groupe d'individus d'avoir cherché à semer le trouble et à déclencher des émeutes. Le secteur a été bouclé par les forces de l'ordre et les autorités ont coupé l'électricité.
Un cinquantaine de manifestants ont été légèrement blessés :
"Le peuple veut la fin du régime", scandaient certains manifestants. D'autres exigeaient la démission du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CFSA) qui gouverne le pays depuis la chute de Moubarak. "Les gens sont furieux que les poursuites contre les hauts responsables soient sans cesse retardées", a expliqué Ahmed Abdel Hamid, un employé d'une boulangerie âgé de 26 ans, tenant une pierre dans ses mains.
L'ancien ministre de l'Intérieur Habib al Adli a été condamné début mai à douze ans de prison pour blanchiment d'argent et corruption mais il n'a pas encore comparu en justice pour la mort des manifestants pendant les 18 jours de contestation qui ont poussé Moubarak vers la sortie. L'ancien président, aujourd'hui hospitalisé, a été lui-même inculpé du meurtre de manifestants. Son procès débute le 3 août.
Des troubles planifiés ?
Les militants qui ont contribué à l'organisation de récents rassemblements place Tahrir ont déclaré que les violences de la nuit de mardi n'avaient rien de planifié. Toutefois, d'autres témoins ont fait un rapprochement avec la décision d'un tribunal, annoncée quelques heures plus tôt, de dissoudre les conseils municipaux élus sous Hosni Moubarak et massivement dominés par les partisans de l'ancien régime. "Je ne pense pas que le moment choisi pour ces affrontements soit une coïncidence", a déclaré un témoin sur la chaîne ON-TV, laissant entendre qu'il auraient été initiés par des partisans de l'ancien président.
Ces troubles surviennent alors que les militants pro-démocratie appellent à des rassemblement massifs le 8 juillet prochain pour maintenir la pression en faveur de réformes politiques en Egypte.