Vol MH370 : "Pour nous, pas de doute, il a été détourné"

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avec Mickaël Frison , modifié à
INTERVIEW E1 - Mari et père des passagers français du vol MH 370 de la Malaysia Airlines, Ghislain Wattrelos sort du silence pour la première fois, trois mois après la disparition de l'appareil.

INTERVIEW E1. Trois mois après la disparition du vol MH 370, il sort du silence et a accepté de se confier au micro d'Europe 1. "Cela fait douze très très longues semaines pour nous, les familles, qu'on essaie de savoir ce qui s'est passé", raconte Ghislain Wattrelos, dont les enfants et l'épouse se trouvaient parmi les 239 passagers et membres d'équipage de l'avion disparu.

"On nous cache quelque chose". Pour ce père de famille, l'enquête n'est pas claire. "On n'a pas confiance dans ce que fait notre pays, dans ce qui se passe là-bas, on a l'impression qu'on nous cache quelque chose", confie-t-il au micro de Thomas Sotto. "On s'est cachés de la presse depuis douze semaines. Aujourd'hui, on a envie de parler", ajoute-t-il.

C'est avant tout les contradictions de l'enquête qui interpellent Ghislain Wattrelos. "Depuis le début de l'enquête, beaucoup de choses sont dites par différentes parties, différents intervenants : les Malais, les Australiens, de temps en temps les Anglais : ça se contredit. Ce sont des théories qui nous paraissent parfois complètement fumeuses", estime-t-il.

Pour ce proche des disparus, il y a même une sorte de mise en scène des recherches de l'épave. "Nous, on pense qu'il y a une mise en scène, que cet avion - ça a été clairement dit par les Malais - a été détourné. Il n'y a aucun doute là-dessus pour nous", prévient-il. "L'avion est parti, on l'a perdu, et les Malais nous ont dit ensuite qu'il était parti dans un sens complètement opposé. On sait qu'il est sorti de sa trajectoire, qu'il a évité les radars pendant un certain temps. Après, on ne sait plus rien", regrette-t-il, martelant qu''il n'y a pas de doute : l'avion a été détourné."

"Il y a des tas de gens qui n'ont pas envie qu'on sache la vérité". Mais alors pourquoi cacher la vérité aux familles ? "Bonne question", acquiesce Ghislain Wattrelos. "Nous les familles n'avons pas de théorie sur la suite. On a quand même l'impression qu'il y a des tas de gens qui n'ont pas envie qu'on sache la vérité", précise-t-il. "J'ai l'impression que certaines autorités n'ont pas envie qu'on sache la vérité. Les Américains ont été les premiers à dire que l'avion était parti dans l'autre sens, ce que les Malais ont réfuté dans un premier temps, puis ont admis ensuite : il semble à peu près évident que les Américains savent ce qui s'est passé, mais ne disent plus rien, observe le père de famille.

"Abandonné" par la France. Du côté des autorités françaises, Ghislain Wattrelos dit se sentir "abandonné par [son] pays". "par exemple, la France n'intervient pas dans l'enquête. Elle a mis huit jours avant d'envoyer le BEA qui est le spécialiste des enquêtes d'accidents, un organisme extrêmement reconnu au niveau international. Puis ils ont mis huit jours à aller sur place, ils n'ont eu aucune information", se désole-t-il, précisant que "la France a mis 15 jours avant d'envoyer des images satellites avec des débris".

Pour ce proche de disparus, le silence des autorités françaises est également difficile à vivre. "Je n'ai jamais entendu qui que ce soit dire quoi que ce soit sur cette histoire : Président, Premier ministre, Quai d'Orsay, alors qu'il y a 4 Français dans cet avion qui ont été détournés, pris en otage à un moment donné. Jamais personne ne s'est exprimé. Je n'ai pas vu une seule autorité française aller demander des comptes à la Malaisie"

Pour une enquête indépendante. Et quand il essaie d'obtenir des informations auprès d'un interlocuteur français, Ghislain Wattrelos se heurte à un mur. "La France me dit qu'officiellement la Malaisie est en charge de l'enquête et qu'ils ne peuvent pas intervenir. Cela dit, rien n'empêche la France d'envoyer ses satellites et de regarder avec ses satellites ce qui s'est passé au 8 mars, ce que je leur réponds en permanence", raconte-t-il. Aujourd'hui, il attend de la France "qu'elle fasse pression avec ses alliés pour qu'une enquête indépendante soit faite, au niveau international, avec des experts internationaux de tous pays. J'attends que la France donne ses données militaires qui n'ont pas été données, par exemple"

Doit-on encore espérer ? Désespérer ? Pour Ghislain Wattrelos et son fils Alexandre, qui n'était dans l'avion, cette attente est "de plus en plus insupportable". "On ne sait pas ce qui s'est passé. On ne peut pas se reconstruire, on ne sait pas ce qui s'est passé. Doit-on encore espérer ? Désespérer ? En tout cas, on est désespérés par les informations qu'on nous donne", confie-t-il, précisant qu"après tout ce que j'ai lu, tout ce que j'ai vu, je ne sais pas où est l'avion mais je pense qu'il n'est pas là où on le cherche".

>> Les proches des passagers de l'avion offrent 5 millions de dollars à toute personne qui donnera des informations sur le vol MH 370, cliquez ici.

"Qui que vous soyez, parlez-en autour de vous". Comme d'autres proches de passagers de l'avion - qui ont décidé d'offrir de l'argent en échange d'informations - Ghislain Wattrelos pense que "quelqu'un sait. C'est une zone extrêmement militarisée : il y a des bases militaires, des satellites en permanence, des plateformes pétrolières. Donc il y a bien quelque part un contrôleur qui a vu quelque chose, ça me paraît à peu près évident", estime-t-il, avant de lancer un appel :  "Qui que vous soyez, où que vous soyez, parlez-en autour de vous, essayez de trouver des gens qui peuvent nous aider. Ce n'est pas possible que même en France des gens ne savent pas quelque chose... Peut-être que des gens ne peuvent pas parler... Mais essayez de comprendre la douleur de toutes ces familles... Aidez-nous pour savoir ce qu'il s'est passé avec cet avion..."

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