Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, candidat à un troisième mandat, est toujours sûr de sa force. Dans une interview exclusive à paraître dans le Journal du Dimanche, l’homme fort de Dakar se dit à nouveau persuadé d'avoir une "majorité écrasante" dès le premier tour dimanche de la présidentielle. "Ma majorité est si écrasante que je pense être élu avec un fort pourcentage dès le premier tour", assure le chef de l'Etat de 85 ans, au pouvoir depuis douze ans.
Interrogé sur des risques de débordements de la part de l'opposition qui s'oppose à sa candidature pour un troisième mandat, il affirme que "l'opposition est incapable d'organiser de telles choses. Une révolte des Sénégalais contre moi n'est pas pensable".
"Pas d’état d’urgence"
Les manifestants qui réclament son départ "sont manipulés par des politiciens machiavéliques qui n'oseront jamais mettre leurs propres enfants dans la rue", assure-t-il, tout en se disant "meurtri" par les six morts survenues lors de manifestations.
L'opposition sénégalaise a proposé samedi, l'organisation d'un nouveau scrutin sans lui "dans un délai de six à neuf mois", et la mission d'observation de l'Union africaine a appelé à une limitation à deux ans de son éventuel troisième mandat afin d'"échapper au chaos".
"Il n'y aura pas d'état d'urgence, sauf si des mercenaires sortent dans la rue pour tirer sur les gens. À ce moment-là, je déclarerai l'état de siège. Mais cela n'arrivera pas", affirme le président sénégalais.
"Je ne suis pas le nègre de service"
Abdoulaye Wade s’oppose à toutes ingérences. "Ce n'est pas aux Européens de décider", affirme encore le président sénégalais, alors que le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a jugé dans un entretien à Jeune Afrique que "la durée excessive de l'exercice du pouvoir peut poser problème".
"Mais je sais que les Français et les Américains cherchent à m'embêter, parce que je ne suis pas docile. Je répondrai comme (l'ancien président Leopold Sedar) Senghor : ‘Je ne suis pas le nègre de service’"
Quant au président français Nicolas Sarkozy, il "n'est pas mon adversaire, enfin, je crois. Je pense qu'il ne partage pas le point de vue de M. Juppé".