A Milan, la programmation d’un opéra de Wagner en ouverture de la saison fait scandale.
Plus d’un siècle après leur mort, l’Allemand Wagner et l’Italien Verdi demeurent rivaux. En témoigne la polémique qui a éclaté en Italie à l’occasion du 200e anniversaire des deux compositeurs, tous les deux nés en 1813 : la célèbre salle de La Scala, à Milan, a fait scandale en décidant de programmer un opéra de Wagner en ouverture de sa saison le 7 décembre, au lieu de privilégier Verdi, rapporte le Guardian.
La raison est pourtant simple : le chef d’orchestre Daniel Barenboim, qui dirige "Lohengrin", de Wagner, n’était disponible qu’au mois de décembre. Mais sur fond de crise de la Zone euro, ce choix est vu comme un affront fait aux Italiens, qui subissent les politiques de rigueur voulues par... Berlin, analyse le quotidien britannique.
Un extrait de "Lohengrin", de Wagner :
"Une gifle pour l’art italien"
"Ce choix est une gifle pour l’art italien, un coup pour la fierté nationale en temps de crise", écrit notamment le Corriere della Sera, qui s’interroge : "les Allemands auraient-ils ouvert une année wagnérienne avec une pièce de Verdi ?"
Un extrait d'"Aida", de Verdi :
L’opéra de Wagner a déjà un lourd passif à Milan, rappelle le journal italien. En 1873, la première de Lohengrin à La Scala, la salle où Verdi a fait ses débuts, avait été fortement perturbée. Bagarres entre spectateurs, chapeaux écrasés et chanteurs sifflés : cette représentation a laissé quelques mauvais souvenirs en Italie, ce qui n’a pas empêché l’opéra d’être joué plusieurs fois dans le pays depuis.
Le président italien s’en mêle
Pour Stéphane Lissner, le Français à la tête de La Scala, la polémique est "ridicule". Le directeur souligne en outre que pendant la saison, huit opéras de Verdi seront joués, contre seulement cinq pour Wagner. Et la saison prochaine s’ouvrira avec la Traviata, de Verdi, un choix "chronologiquement exact, puisque Verdi est né en octobre et Wagner en mai".
Reste que l’affaire a pris une nouvelle tournure lundi, avec l’intervention du président italien. Le très respecté Giorgio Napolitano n’assistera pas à la première et s’est fendu d’une lettre d’excuses au chef d’orchestre, dans laquelle il explique être pris à Rome par des engagements politiques. Avant de qualifier la polémique de "futile" et "pathétique" et de se réjouir, officiellement, du retour de "Lohengrin" à La Scala.