Des diplomates américains jouant les espions et parlant vertement des plus grands dirigeants mondiaux : les révélations de WikiLeaks ne pouvaient laisser la presse internationale insensible. Pour preuve, les 250.000 documents du site du Julian Assange font la Une des quotidiens russes, italiens, anglais ou espagnols...
Kommersant salue Poutine, le "mâle dominant" - Des 250.000 documents publiés par WikiLeaks, le quotidien russe Kommersanten retient un. Celui qui parle de Vladimir Poutine. Dans ce câble, les diplomates américains qualifient le Premier ministre russe de "mâle dominant" ("alpha-male") et le président russe Dmitri Medvedev de dirigeant "hésitant", rapporte Kommersant, lundi matin. Selon une source au Kremlin, citée par le journal, Washington avait prévenu Moscou que WikiLeaks allait publier des informations susceptibles de nuire aux relations russo-américaines et les dirigeants russes étaient préparés. "Nos propres diplomates sont parfois aussi francs dans leurs messages internes", rapporte le quotidien.
Der Spiegel pointe les critiques sur Merkel - Les Allemands, eux, se focalisent sur une note évoquant Angela Merkel. Der Spiegelrapporte ainsi des propos peu amènes de diplomates américains à l'égard de la chancelière allemande : "Elle craint le risque et fait rarement preuve d'imagination". Le magazine allemand a d'ailleurs révélé dimanche les différentes saillies des fonctionnaires américains sur les dirigeants mondiaux : ainsi les services américains croient savoir que le Premier ministre turc Tayyip Erdogan se méfie de tout le monde et "s'est entouré d'un cercle de conseillers qui le flattent mais le méprisent". Le président français Nicolas Sarkozy est, lui, jugé "susceptible et autoritaire" et un câble décrit le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi comme "faible physiquement et politiquement".
The New York Times évoque"l'arrière-salle" des ambassades - Dès dimanche, le quotidien américain The New York Timesa publié sur son site internet un très long article dans lequel est révélé le contenu des documents WikiLeaks. La version papier reprend ce même article. Lundi, The New York Times explique que les câbles lui sont parvenus "il y a plusieurs semaines" et que les documents susceptibles de "mettre en danger" des individus ou de "compromettre la sécurité nationale" n'ont pas été publiés. Le journal ajoute avoir travaillé avec l'administration Obama à ce sujet. Pour le quotidien américain, ces notes "offrent un panorama inédit des négociations d'arrière-salle telles que les pratiquent les ambassades à travers le monde".
Pour The Guardian, le "travail des médias n'est pas de protéger le pouvoir de tout embarras"-Enfin, "la fuite des câbles américains déclenche une crise diplomatique mondiale", analyse lundi The Guardian. Comme d’autres quotidiens, le journal britannique a eu accès, en amont, aux documents publiés par Wikileaks. Lundi matin, le journal précise son rôle et souligne sa précaution à ne pas mettre en danger la vie d'individus, ni de "révéler des informations qui compromettraient des opérations militaires en cours ou des emplacements de forces spéciales". Mais, au-delà de ces considérations, le "travail des médias n'est pas de protéger le pouvoir de tout embarras", insiste The Guardian, ajoutant : "c'est aux gouvernements. Si WikiLeaks peut avoir accès à des informations secrètes (...) il est vraisemblable que des puissances étrangères le peuvent également", renchérit le journal. Enfin, le quotidien s'est engagé à publier prochainement des documents contenant des jugements "embarrassants" sur David Cameron et son prédécesseur travailliste Gordon Brown au 10 Downing Street.