Bradley Manning ne mérite pas le traitement qu’il subit. C’est ce qu’affirme Amnesty International dans un communiqué publié lundi. Selon l’organisation, celui qui serait à l’origine des fuites des documents diplomatiques américains publiés par le site WikiLeaks, subit un "traitement inhumain" dans la prison américaine où il est détenu.
Des conditions de prison "supermax"
"Selon nos informations le soldat Manning fait l’objet d’un traitement particulier qui s’apparente à celui des prisons "supermax", c’est-à-dire les quartiers de très haute sécurité", relate Nathalie Berger, chargée de la coordination Etats-Unis pour Amnesty International France, à Europe1.fr. "Le soldat passe 23 heures par jour en isolement et ne bénéficie d’aucune activité", précise-t-elle. Selon le communiqué de l’organisation, Bradley Manning n’aurait même pas droit à un oreiller.
Outre les conditions de détention, Amnesty dénonce le délai "trop long" pour que le jeune homme soit jugé. "La loi américaine est très claire, toute personne arrêtée doit être traduite devant un juge dans les trois jours suivant son incarcération. Or, le soldat Bradley Manning est maintenu en détention depuis le mois de juillet dernier", ajoute Nathalie Berger.
Une punition pour sa trahison
L’organisation craint, en fait, que le soldat ne subisse des traitements "spéciaux" en raison de la faute qui lui est imputée. Elle souligne que ce traitement consiste à "punir" le prévenu avant son jugement, ce qui va à l’encontre du principe de présomption d'innocence. "Nous n’avons aucune preuve, ainsi nous ne pouvons qu’émettre des suppositions", précise la coordinatrice d’Amnesty. Bradley Manning est accusé de "transfert de documents classés" confidentiels "à une source non autorisée". Il fait face à une peine maximale de 52 ans de prison.
Amnesty International espère maintenant une réponse de la part des autorités américaines. Une lettre a été envoyée par l’organisation au secrétaire américain à la Défense Robert Gates pour demander une révision de ses conditions de détention. "Si nous n’avons pas de réponse, nous chercherons à en savoir un peu plus sur les conditions de vie de Bradley Manning et tacherons de faire en sorte qu’elles changent", ajoute-t-on au sein de l’organisation.