L’INFO. L'hypothèse d’un assassinat au polonium de Yasser Arafat ne tient pas. C'est ce qu'assure jeudi sur Europe 1, Marcel-Francis Kahn, un professeur qui a dirigé le service de rhumatologie de l’hôpital Bichat à Paris et qui a pu se procurer le rapport médical français de l’hôpital Percy à Clamart où le leader palestinien est mort en 2004. Toutefois, ce document n'exclut pas l'hypothèse d'un empoisonnement par un autre produit.
Le polonium, pas la cause de la mort. Des médecins suisses affirment que des doses de polonium ont été retrouvées sur les vêtements et le corps de Yasser Arafat à partir de prélèvements effectués. Des médecins russes ont, eux, démenti l’hypothèse d’un empoisonnement au polonium."Qu’il y ait du polonium dans les affaires d’Arafat et qu’on en trouve dans son corps, ça semble assez bien démontré. Les gens de Lausanne sont compétents. Mais eux-mêmes reconnaissent qu’ils ne peuvent pas affirmer que c’est ce polonium qui est la cause de la mort d’Arafat et qu’a fortiori, cela a été utilisé par quelqu’un", a affirmé Marcel-Francis Kahn jeudi sur Europe 1.
Arafat avait gardé ses cheveux. Les symptômes ne collent pas avec une intoxication par le polonium. "Arafat a gardé tous ses cheveux jusqu’au bout. Il n’a pas présenté de baisse très importante des globules blancs", a-t-il précisé.
Des toxines d’un champignon ? Pour autant, si on écarte le polonium, cela conduit-il à écarter l'hypothèse d'un empoisonnement ? "Pas du tout, et je pense même qu’il y a eu un empoisonnement (…)", répond le professeur, "mais pas du tout par un produit comme celui qui a été avancé par nos collègues de Lausanne", ajoute-t-il. Celui-ci croit à l’idée d’un empoisonnement par une autre substance. "Il y en a un qui colle très bien. Il se trouve que j’ai été à un moment très intéressé par les champignons et leurs toxines. Il y a justement un institut près de Tel-Aviv qui étudie cela. Il faut noter qu'Israël est le dernier pays qui n'a pas signé sur les toxines et les produits chimiques", explique Marcel-Francis Kahn. "Or il existe un certain nombre de champignons mortels (…) et qui donnent des tableaux qui pour certains d’entre eux correspondent très exactement à ce qui est arrivé à Yasser Arafat lors de son séjour à Percy", a assuré le professeur français sur l’antenne d’Europe 1.
"Les toxines d’un de ces champignons, ou des toxines proches, a premièrement une durée d’incubation qui est très lente. Et deuxièmement, ça met très longtemps à tuer des gens. Exactement ce qui s’est passé pour Yasser Arafat. Et les symptômes qui ont été constatés par nos collègues de Percy correspondent très exactement aux symptômes qu’on note lorsque des gens par accident ingèrent un champignon de ce genre", a-t-il ajouté.
Elle est difficilement détectable. Sauf que cette substance est difficilement détectable. "A ma connaissance, actuellement je ne suis pas sûr qu’il y ait des gens capables de doser des restes de cette substance de cette toxine. Au bout d’un certain temps, ces produits se dégradent. Pour les doser, il faudra déjà les connaître. Ces toxines sont multiples et pour arriver à la doser il faudrait la connaître", a-t-il affirmé.
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