Des miliciens chiites tentaient mardi de renverser le régime en place au Yémen. La puissante milice du mouvement Ansaruallah s'est emparée du complexe du palais présidentiel, dans la capitale Sanaa. Les combats entre miliciens, appelés aussi "houthis", et soldats se poursuivaient à Sanaa, ont indiqué des témoins. Au moins deux soldats ont été tués, selon des sources médicales. Il n'était cependant pas possible dans l'immédiat de connaître le sort du chef de l'Etat Abd Rabbo Mansour Hadi. L'ONU a appelé à l'arrêt immédiat des combats.
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Neuf personnes tuées lundi. Dans le centre de Sanaa, les miliciens encerclaient aussi la résidence du Premier ministre Khaled Bahah, des hommes en armes en barrant les principaux accès. Les combats ont poussé plusieurs ambassades occidentales, dont celle de France à fermer leurs portes. Les affrontements avaient repris après une brève trêve lundi, journée durant laquelle neuf personnes ont été tuées et 67 blessées.
Les houthis refusent le projet de Constitution. A l'origine de ces affrontements : le refus des miliciens chiites d'entériner un projet de Constitution sur une structure fédérale qui les priverait notamment d'un accès à la mer. Les houthis ont également enlevé Ahmed Awad ben Moubarak, le chef de cabinet du chef de l'Etat, qui est un des architectes du texte rejeté par les rebelles.
Le soutien de l'ancien président Saleh. Ces miliciens, qui n'ont cessé de monter en puissance depuis leur entrée à Sanaa le 21 septembre, semblent bénéficier du soutien de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. L'ancien leader yéménite garde une forte influence et des réseaux qu'il a soigneusement tissés dans l'armée et parmi des tribus durant ses 33 ans de présidence.
Les groupes djihadistes au cœur du pays. Ce petit pays du Golfe, en proie à une grave crise politique, est la cible régulière d'attentats. Depuis la révolte populaire de 2011 qui a poussé au départ Ali Abdallah Saleh, le pouvoir central a été marginalisé par de puissants groupes militaro-religieux. Ansaruallah et le réseau Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), les deux plus dangereux d'entre eux, ont accru leur influence en s'emparant notamment de territoires.
Revendications de l'attentat contre Charlie Hebdo. Le gouvernement yéménite a également été un allié clé des États-Unis, permettant à Washington de mener sur son territoire des attaques par drones contre des militants d'Al-Qaïda. La branche yéménite du réseau islamiste, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), est considérée comme la plus dangereuse du mouvement. C'est elle qui a revendiqué l'attaque du 7 janvier à Paris contre Charlie Hebdo.
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