Trois humanitaires français, deux femmes et un homme, sont introuvables depuis samedi. Et plus le temps passe, moins les autorités semblent croire à une simple disparition de ces salariés de Triangle Génération Humanitaire. Lundi, le Quai d'Orsay a annoncé que leur véhicule avait été retrouvé "non endommagé", ce qui "conforte" l'hypothèse de l'enlèvement.
"Plusieurs hypothèses"
Lundi matin, le porte-parole du ministère Bernard Valero n'était pas en mesure de confirmer qu'il s'agit d'un enlèvement. "Plusieurs hypothèses sont considérées. Il n’y a pas de revendication, ce qui est souvent le cas quand il s’agit d’un enlèvement. Il n’y a pas de témoignage fiable qui pourrait nous engager sur cette piste donc je crois qu’il convient de rester très prudent (…) le climat politque au Yémen est très toublé, on essaye au milieu de cette situation d’avoir les bons interlocuteurs", a-t-il confié sur Europe 1.
Mais dans l'après-midi, Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, estimait que "qu'au fur et à mesure que le temps passe, l'hypothèse d'une simple disparition devient moins crédible". "Je ne voudrais pas alarmer qui que ce soit, en particulier les familles, mais plus le temps passe, plus il y a des raisons de s'inquiéter", a-t-il ajouté. "Mais tant que nous n'avons pas la preuve, soit par une revendication, soit par des indices matériels, d'un enlèvement, je ne peux pas dire que c'est un enlèvement", a insisté Alain Juppé.
Ils quittaient un restaurant quand ils auraient été kidnappés, samedi, dans la province yéménite méridionale d'Hadramout, avait annoncé ce week-end un responsable de la sécurité locale. Ils sont âgés respectivement de "26 ans, 32 ans et 29 ans", selon Christian Lombard, co-directeur de l'ONG. Tous trois, qualifiés d'"humanitaires expérimentés" et qui travaillaient avec "une équipe de 17 Yéménites" à Seyoun, ont disparu "entre 13h15 et 14h00" heure locale, selon lui. Originaire du Sud-Ouest et du Nord de la France. Ils travaillaient sur un programme de développement agricole depuis mars dernier.
"On a absolument aucune idée de ce qui s'est passé" :
Sur place, les forces yéménites affichent leur bonne volonté : "tous les services de sécurité sont mobilisés et ratissent la région, dans les vallées et le désert", a ainsi déclaré lundi Omair Moubarak Omair, numéro trois de la province du Hadramaout où les trois humanitaires français sont portés disparus depuis samedi.
Les Français invités à quitter le pays
L'enlèvement d'étrangers est une pratique courante au Yémen. Ce sont généralement des tribus qui ont recours à cette pratique généralement pour faire pression sur les autorités et obtenir satisfaction de leurs revendications, qu'il s'agisse de la libération d'un des leurs prisonniers ou de la construction de routes.
Jeudi, le Quai d'Orsay avait appelé tous les Français se trouvant au Yémen à "quitter provisoirement le pays au plus vite", en raison des affrontements de plus en plus violents entre manifestants réclamant le départ du président et forces de l'ordre. Vendredi, le même ministère avait précisé avoir fait partir du pays les personnels non essentiels de son ambassade. Selon Bernard Valero, le nombre de Français encore au Yémen est estimé à quelques dizaines de personnes.
Triangle Génération Humanitaire est installée au Yémen depuis 1998. Ses interventions se caractérisent par une approche globale de l'aide humanitaire intégrant l'urgence et le développement.