L'info. Après quatre jours de combats, un accord pour la paix au Yémen, parrainé par l'ONU, a été signé dimanche soir à Sanaa. Le texte a été paraphé en présence du président Abd Rabbo Mansour Hadi et de représentants des factions politiques, dont la rébellion chiite d'Ansaruallah, a annoncé l'agence officielle Saba.
Avancée des rebelles chiites. Cet accord a été annoncé au terme d'une journée marquée par des avancées spectaculaires des rebelles chiites dans la capitale Sanaa, où ils ont pris possession de sites militaires et stratégiques, dont le siège du gouvernement et le commandement général des forces armées, selon des responsables.
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"Tentative de coup d'Etat". Simultanément, l'agence officielle Saba annonçait la démission du Premier ministre Mohamed Basindawa pour protester, selon de hauts responsables, contre le président Abd Rabbo Mansour Hadi, qu'il a accusé de "monopoliser le pouvoir".Signe de la confusion, la présidence a affirmé, toujours selon Saba, que M. Hadi n'avait pas reçu de lettre de démission. Le président avait qualifié vendredi l'offensive rebelle chiite de "tentative de coup d'Etat".
Les rebelles veulent davantage de pouvoir. "La situation évolue à la vitesse grand V", a dit un diplomate occidental, faisant état aussi de mouvements rebelles non loin de la résidence du président. La veille, l'émissaire de l'ONU, Jamal Benomar, avait annoncé un accord politique imminent pour sortir "le Yémen de sa crise actuelle". Selon April Longley, spécialiste du Yémen à l'International Crisis Group, l'enjeu pour les rebelles est d'arracher une part du pouvoir. Ils "veulent être de puissants décideurs à l'échelle nationale avec une part (de pouvoir) égale, voire supérieure, à celle de leurs principaux rivaux politiques d'Al-Islah (parti islamiste sunnite). Le plafond de ce qu'ils pensent pouvoir obtenir augmente en fonction de ce qu'ils gagnent sur le terrain", a déclaré Mme Longley à l'AFP.
Malgré des concessions du pouvoir, qui a accepté la formation d'un nouveau gouvernement et la baisse des prix du carburant, les rebelles chiites n'ont pas cessé leur offensive, ignorant même une injonction du Conseil de sécurité de l'ONU. Ils ont au contraire revu à la hausse leurs demandes, exigeant un droit de regard sur le choix des ministres et un accès de leur région à la mer.
Majoritaires dans le nord du Yémen, les chiites sont minoritaires au niveau national. Les Houthis sont issus du zaïdisme, une branche du chiisme qui représente plus de 30% de la population yéménite.
Sanaa, presque ville morte. Depuis quatre jours, les combats ont provoqué la suspension des vols des compagnies étrangères, l'aéroport étant situé dans la zone des affrontements. L'université de Sanaa, les écoles et les marchés ont été fermés, et les commerçants ont baissé leurs rideaux. Les habitants des quartiers nord ont commencé à fuir en masse la zone des combats, tandis que le reste de la capitale commence à ressembler à une ville morte.