L’INFO. Pendant longtemps, il a été considéré en Occident comme l’équivalent de Nelson Mandela. Mais, après 34 années de règne et des dérives dictatoriales depuis l’an 2000, Robert Mugabe, le président du Zimbabwé, n’est plus que l’ombre de lui-même. Vendredi, pour le jour de son anniversaire, il est à Singapour pour des raisons de santé. Les festivités seront organisées à son retour, dimanche, et ont donné lieu à une collecte controversée d’un million de dollars parmi la population, selon Jeune Afrique.
Un anniversaire pour se faire voir... 90 ans, une longévité exceptionnelle pour “Bob” Mugabe, puisqu’il atteint, comme le rapporte le magazine spécialisé, le double de l’espérance de vie d’un citoyen lambda du pays. Cet anniversaire est l’occasion pour l'intelligentsia du pays, comme chaque année, de se faire bien voir du président.
Déjà vendredi, des dizaines d’entreprises d’Etat, de ministères et de partisans lui ont rendu hommage à travers de plus de 20 pages de publicité diffusées dans le quotidien gouvernemental The Herald. “Longue vie à notre président”, clamait l’éditorial du journal, courroie de transmission du pouvoir présidentiel.
Payé directement par le contribuable. Les festivités, organisées dimanche, dès le retour de Robert Mugabe de Singapour, se dérouleront au stade de Marondera, à 75 kilomètres à l’est de la capitale Harare. Des milliers de personnes devraient se retrouver à l’occasion d’un grand concert et de plusieurs match de football. Budget estimé : un million de dollars.
Le problème, c’est que pour préparer l’évènement, les membres du Zanu-PF, le parti de Mugabe, ont organisé une quête plus ou moins basée sur le volontariat. Le Syndicat Progressistes des Enseignants du Zimbabwe (PTUZ) a dénoncé des abus dans les régions rurales. Selon lui, des instituteurs, des infirmières et de simples villageois ont été obligés de payer pour l’anniversaire.
Des doutes sur sa santé. Des accusations qui passent d’autant plus mal que le doute plane toujours sur l’état de santé du président. A deux jours des festivités, il se trouve toujours à Singapour, officiellement pour être opéré de la cataracte.
Pourtant, des rumeurs le disent atteint d’un cancer de la prostate. Il a lui-même assuré “se porter comme un charme” dans une interview à la télévision d’Etat ZBC jeudi. Il faut dire que la disparition de Robert Mugabe pourrait ouvrir la porte à de graves tensions politiques. Le président a toujours pris le soin de ne pas désigner de successeur et d’écarter ceux qui prenaient de la place.
Zimbabwe : le dernier pari de Mugabe
Zimbabwe : Mugabe réélu "une énorme farce"