Les délégués de près de 200 pays bouclent vendredi à Bonn une 23e conférence climat de l'ONU, la COP23, plombée par la défection des Etats-Unis, décidés à quitter l'accord mondial contre le réchauffement et pourtant très présents. Prochaine étape, un sommet organisé la 12 décembre à Paris, pour maintenir la dynamique, et notamment avancer sur l'épineuse question des financements des politiques climatiques.
Accord sur des propositions. Vendredi les négociateurs laisseront sur la table des propositions, indispensables pour mettre en oeuvre à partir de 2020 l'accord de Paris contre le réchauffement : comment les pays rendent compte de leurs actions contre le réchauffement, quel suivi pour l'aide financière promise par les pays riches, etc. Les pays devaient aussi s'accorder à Bonn sur le lancement d'un "dialogue" d'un an pour aboutir à la révision à la hausse, en 2020, des promesses nationales de réduction des gaz à effet de serre (GES). Mais rien n'est encore tranché sur le fond : ce sera le rôle de la COP24, prévue en décembre 2018 à Katowice en Pologne. 2018 sera "le moment de vérité", a dit le ministre français de la Transition écologique Nicolas Hulot. Et "le mérite de la COP23 est de mettre (tout le monde) en ordre de marche".
Des engagements insuffisants. Cette COP a été cependant jalonnée de mauvaises nouvelles. Selon l'ONU, les engagements actuels des Etats couvrent à peine un tiers des réductions de GES nécessaires. En 2017, les émissions de CO2 liées aux énergies fossiles (gaz, pétroles, charbon), responsables de l'essentiel du réchauffement, sont reparties à la hausse, après trois ans de relative stabilité, ont aussi alerté les scientifiques.
"Le cœur n'y était pas". Parmi les délégations, "c'est comme si le cœur n'y était pas", souligne le Malien Seyni Nafo, chef du groupe des pays africains. "Avec la sortie de Trump, les étoiles ne sont pas très alignées", dit-il. "La position des Etats-Unis a une influence sur les pays développés et cela a des conséquences sur le positionnement des grands pays en développement. Il y a comme un attentisme, chacun s'observe dans les négociations. Quand un des acteurs ne joue pas sa partition, il n'y a plus d'émulation". L'administration Trump, qui a annoncé en juin le retrait des Etats-Unis de l'accord, a envoyé une délégation pour "protéger les intérêts américains". Elle a aussi organisé une réunion, en marge des négociations, pour faire valoir le rôle des énergies fossiles.