François Hollande était lundi à Cuba pour une visite d'Etat historique. Le président français y a rencontré Raul Castro, son homologue cubain, pour nouer des relations entre les deux pays à la faveur du réchauffement entre l'île des Caraïbes et les Etats-Unis. Jamais un chef d'Etat français n'avait officiellement foulé le sol de La Havane. Et pendant que François Hollande dormait dans le plus bel hôtel de la capitale, Rolando Reyes Rabanal, lui, continue de passer ses nuits sur le sol d'une station service. Sa maison, assure-t-il à Europe 1, a été confisquée par l'administration Castro. Depuis le réchauffement des relations internationales avec Cuba, le sort de l'opposant politique ne s'est en effet pas amélioré.
Toujours surveillés. Alors certes, l'ancien prisonnier politique a été libéré en même temps que 52 autres en janvier dernier. Mais les anti-castristes sont toujours surveillés et écoutés par les autorités cubaines, affirme-t-il. "Vous voyez, mon téléphone est un nouvel appareil acheté en sortant de prison. Peut-être qu'ils ne l'écoutent pas", espère-t-il. Mais il reste malgré tout très méfiant lors du moindre coup de fil.
A l'entendre, Rolando Reyes est presque habitué aux arrestations arbitraires, à la prison. Depuis sa libération, il est régulièrement attrapé par la police et jeté derrière les barreaux sans raison. Son calvaire ne dure généralement que quelques heures. Après une vie de répression, "de toute façon, la seule chose qu'ils peuvent me faire maintenant, c'est me tuer", jure-t-il à Europe 1.
Rolando Reyes n'est pas surpris que François Hollande ait si peu parlé des opposants avec Raul Castro. "Les services [de renseignement] français ont dû expliquer au président qu'il ne valait mieux pas aborder le sujet de l'opposition maintenant", imagine-t-il. "Le gouvernement cubain a toujours été très fort pour tromper l'opinion internationale", continue l'opposant.
François qui ? D'ailleurs, à Cuba, tout a été fait pour que la visite de François Hollande se déroule sans accroc. Juan, un Havanais, a écouté la radio officielle ces derniers jours. Mais il n'a pas entendu un seul mot sur la visite du président français. "La presse officielle ne nous a pas informé de la venue du président François Hollande. La liberté d'expression, c'est bon pour la France mais pas ici", dit-il avec un certain cynisme. Certains opposants auraient pu manifester, ajoute Juan. Alors en attendant une vraie liberté, les Cubains ont regardé passer les limousines du convoi présidentiel sans savoir qui se cachait derrière les vitres teintées.