À deux jours de l'ouverture, vendredi à Buenos Aires, du sommet du G20, les tensions s'accumulent. Et s'expliquent notamment par l'attitude de Donald Trump, peu propice à l'apaisement. Parce qu'il alterne coups de boutoir et marques d'apaisement, le président américain déstabilise ses homologues. Entre un bras de fer commercial avec la Chine, une position isolée mais très ferme sur le climat, et des difficultés diplomatiques avec la Russie, le chef d'Etat pourrait bien jeter un froid sur le sommet. Comme le résume un conseiller élyséen auprès du Figaro, "avec les grosses difficultés liées à l'attitude des États-Unis, cela ne va pas être simple d'arriver à des textes communs".
Guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis
La première source d'inquiétude concerne les rapports commerciaux de Washington et Pékin. Ces derniers ne cessent de connaître coups de chaud et coups de froid depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, mais les dernières déclarations en date du président américain n'ont pas vraiment participé d'une désescalade. Ce que réclament les Etats-Unis, c'est une ouverture du marché chinois à leurs produits, puisqu'actuellement, la balance commerciale entre les deux pays est défavorable à Washington à hauteur de 375 milliards de dollars par an. Pour Donald Trump, la Chine agit de façon déloyale en subventionnant ses entreprises nationales et en leur réservant ses marchés publics, écartant les sociétés américaines du jeu.
Par conséquent, Donald Trump a prévenu à la fin de l'été : d'ici à la fin de l'année, il compte appliquer des taxes supplémentaires sur l'équivalent de 200 milliards de dollars de biens importés chinois. Lundi, le président américain a franchi un pas supplémentaire dans un entretien au Wall Street Journal en brandissant la menace d'une surtaxe sur les smartphones et les ordinateurs portables assemblés en Chine, jusqu'ici épargnés. Ce que Pékin, mais également les géants de la téléphonie comme Apple, qui a dégringolé en bourse après ces annonces protectionnistes, voudraient à tout prix éviter.
Pendant le sommet du G20, Donald Trump et son homologue Xi Jinping doivent donc se retrouver pour tenter de trouver un terrain d'entente. "Si la Chine se présente à la table des négociations avec de nouvelles idées, une nouvelle attitude, une volonté de coopérer, le président estime qu'il y a de bonnes chances d'aboutir à un accord, il est ouvert à cette possibilité", a déclaré Larry Kudlow, conseiller économique à la Maison- Blanche, lundi. Autrement dit, pour Washington, c'est bel et bien à Pékin de faire un pas. En attendant, ces désaccords risquent d'écraser tous les autres sujets du G20.
Donald Trump inflexible sur le climat
Le climat est un autre enjeu du G20. D'abord parce que les pays présents sont les plus responsables des émissions polluantes, donc également les plus à même de les réduire. Ensuite parce que le dernier sommet, à Hambourg en 2017, s'était soldé par de grandes concessions à l'égard des Etats-Unis afin que Donald Trump n'abandonne pas complètement l'idée de revenir dans les accords de Paris. Cette année, difficile de ne pas faire au moins autant dans le communiqué final, alors que le retrait effectif des États-Unis est toujours prévu en novembre 2020.
Mais sur le sujet, le président américain a d'ores et déjà préparé les esprits à un choc frontal. Alors qu'un rapport de scientifiques rédigé pour le compte du Congrès américain et publié vendredi tirait (encore) des conclusions alarmantes sur le changement climatique, Donald Trump l'a rejeté lundi. "Je n'y crois pas", a-t-il tout simplement déclaré devant des journalistes. "Je l'ai vu, j'en ai lu un peu, et ça va. Nous n'avons jamais été aussi propres que nous le sommes maintenant. Mais si nous sommes propres et que tous les autres endroits sont sales, ce n'est pas bien." Une déclaration laconique qui éloigne la perspective d'un nouveau front uni des vingt puissances mondiales sur le climat, alors que la Pologne accueille la COP 24 début décembre.
Donald Trump pourra bientôt compter sur un nouveau soutien de poids : celui de Jair Bolsonaro, le nouveau président brésilien, climatosceptique comme lui, et dont la prise de fonction interviendra au 1er janvier 2019.
Incertitudes autour de la rencontre de Trump et Poutine
Les relations diplomatiques entre Washington et Moscou, toujours compliquées, viennent de subir un nouveau coup de froid. Une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine était planifiée mais pourrait finalement être annulée. "Peut-être que cette entrevue n'aura pas lieu", a déclaré le président américain mardi dans un entretien au Washington Post. En cause : l'arraisonnement dimanche de trois navires militaires ukrainiens par la Russie dans le détroit de Kertch. "Je n'aime pas cette agression. Je ne veux pas de ce genre d'agression", a poursuivi Donald Trump. Washington a également appelé l'Union européenne à faire "davantage pour assister l'Ukraine" et à renforcer les sanctions contre Moscou.
Des déclarations qui n'ont pas vraiment plu au Kremlin. "Cela dépend de ce que [Trump] appelle agression", a réagi le porte-parole, Dmitri Peskov, mercredi. "S'il appelle agression les actions des navires militaires ukrainiens [que la Russie accuse de "provocation", NDLR], c'est une chose. S'il appelle agression les actions des garde-côtes [russes], c'est autre chose. Nous ne sommes pas d'accord avec cela." Néanmoins, Moscou semble déterminé à maintenir l'entrevue avec Donald Trump. Mercredi, le conseiller Iouri Ouchakov a estimé que les Etats-Unis et la Russie avaient "un besoin identique" de rencontre.