Emmanuel Macron a pris le contre-pied de son homologue américain Donald Trump. Le chef de l’État français s’est adressé mardi à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, en défendant pêle-mêle les civils pris au piège de la guerre en Syrie, les migrants qui risquent leur vie pour rejoindre l’Europe ou les générations qui pâtiront du réchauffement climatique. Tapant littéralement du poing sur la table, Emmanuel Macron a défendu l'accord sur le nucléaire iranien, le "soft power" face à la Corée du Nord et s’est fait le chantre du multilatéralisme. Un discours fort en symboles, mais sans annonce majeure.
- La défense des peuples opprimés
Emmanuel Macron a débuté son discours à l’ONU en parlant de la guerre en Syrie, estimant que "le peuple syrien a assez souffert". "Pour établir une paix durable et juste, il y a urgence à nous concentrer sur le règlement politique de la crise par la transition", a-t-il dit, en prônant une solution "à terme politique et non militaire". Ainsi, le président a plaidé pour la création d’un "groupe de contact" sur la Syrie, qui intégrerait les membres du Conseil de sécurité de l’ONU et les parties prenantes au conflit, pour aller vers une solution politique au conflit, tandis que les négociations de paix menées au Kazakhstan semblent dans l’impasse.
Concernant l’exil massif des Rohingyas au Bangladesh, Emmanuel Macron a dénoncé un "nettoyage ethnique" de cette minorité musulmane de Birmanie, persécutée par l’armée nationale. "Les opérations militaires doivent cesser, l'accès humanitaire doit être assuré, et le droit rétabli, face à ce qui est, nous le savons, un nettoyage ethnique", a déclaré Emmanuel Macron, indiquant que la France va "prendre l’initiative au Conseil de sécurité", sans donner plus de précision.
"Le devoir de la France est de parler pour ceux qu’on n'entend pas", déclare Macron à L’ONU pic.twitter.com/OUtupTqmhB
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- La lutte contre le réchauffement climatique
Comme attendu, Emmanuel Macron a défendu bec et ongles l’accord de Paris sur le climat. "L’accord de Paris ne sera pas renégocié, il nous lie, il nous rassemble (…) Nous ne reculerons pas", a martelé le président, qui le qualifie de "pacte entre les générations" et pas seulement entre les États. Assurant "respecter" la décision des États-Unis de quitter cet accord en juin dernier, Emmanuel Macron a toutefois assuré que la porte restait ouverte. Il a défendu l’image d’un "monde meilleur qui créera de l’innovation" en luttant contre le réchauffement climatique, suscitant des applaudissements de l’Assemblée. "Nous devons continuer à aller plus loin car le réchauffement, lui, ne s'arrête pas", a-t-il conclu. Il a également annoncé que la France consacrera 5 milliards d’euros par an à la lutte contre le changement climatique d’ici 2020.
- La limitation de la prolifération nucléaire
Alors que le dossier nord-coréen a dominé cette première journée de discours à l’ONU, Emmanuel Macron a appelé Pyongyang à revenir à la table des négociations, jugeant que l’option militaire n’était pas la bonne. "La France ne fermera aucune porte au dialogue, si ce dialogue est utile à la paix", a-t-il déclaré.
Lors d’une conférence de presse un peu plus tard, le président a d'ailleurs jugé "intempestif" de mettre en avant la menace militaire, agitée par Donald Trump, face au régime de Kim Jong-un. "Je pense qu'il serait contre-productif d'utiliser cet argument ou de le mettre sur la table comme un élément de réponse immédiate, parce que nous sommes face à un régime dont la grammaire d'action n'est pas celle du multilatéralisme et pourrait conduire à une escalade", a-t-il dit. Emmanuel Macron a plutôt appelé à un renforcement des sanctions.
Par ailleurs, Emmanuel Macron a estimé que dénoncer l’accord sur le nucléaire iranien, comme le fait Donald Trump, serait une "lourde erreur". "Notre engagement sur la non prolifération (de l'arme nucléaire, ndlr) a permis d'obtenir un accord solide, robuste, qui permet de vérifier que l'Iran ne se dotera pas de l'arme nucléaire. Le dénoncer aujourd'hui sans rien proposer d'autre serait une lourde erreur, ne pas le respecter serait irresponsable, parce que c'est un accord utile, essentiel à la paix", a affirmé Emmanuel Macron, appelant à le prolonger au-delà de 2025.
- L'éloge du multilatéralisme
Contrairement à Donald Trump qui a ressorti mardi son slogan de campagne "America first", Emmanuel Macron a fait l’éloge du multilatéralisme pour conclure son tout premier discours à l’Assemblée générale annuelle. "Par langueur, nous avons laissé s'installer l'idée qu'on est plus fort quand on fait preuve d'unilatéralisme", a regretté Emmanuel Macron. "Aujourd’hui, dans le monde tel qu’il va, il n’y a rien de plus efficace que le multilatéralisme, car tous nos défis sont mondiaux", a-t-il assuré, citant entre autre le terrorisme et le réchauffement climatique. Et Emmanuel Macron de défendre le projet du secrétaire général de l’ONU de réformer l’organisation internationale, "afin de (la) porter à l’échelle des défis de la planète". "L’ONU a toute la légitimité pour agir et préserver les équilibres du monde", a-t-il encore déclaré, estimant in fine que "les voix oubliées ne peuvent résonner que dans une enceinte comme celle-ci, où chacun à sa place".
"Il n’y a rien de plus efficace que le multilatéralisme", d’après Macron à l’ONU pic.twitter.com/J2it8g7N5a
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