"Il y en a un qui a dit : allumez-les !" : cinquième nuit d'émeutes tendue à Minneapolis

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Xavier Yvon (à Minneapolis), édité par Ariel Guez avec AFP , modifié à
Après plusieurs nuits d'émeutes à Minneapolis, là où George Floyd a été tué par un policier le 25 mai, les forces de l'ordre se sont montrés plus agressives, a constaté le reporter d'Europe 1 présent sur place samedi soir. À coup de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes, elles étaient déterminées à reprendre le contrôle de la ville.
REPORTAGE

Cinq jours après le décès de Georges Floyd, l'Amérique continue de brûler. Le décès de cet homme noir d'une quarantaine d'années, mort lors de son interpellation par un policier blanc, qui a depuis été arrêté, a ravivé les plaies raciales des États-Unis. Depuis le début de la semaine, les manifestations de protestation ont pris de l'ampleur partout dans le pays, et ont viré à l'émeute, au point que de nombreuses villes, dont Los Angeles, Philadelphie et Atlanta, ont annoncé la mise en place d'un couvre-feu samedi. 

À Minneapolis, là où George Floyd a été tué, les défilés ont continué dans la nuit de samedi à dimanche. Mais cette fois, les policiers étaient plus nombreux et avançaient sans reculer, déterminés à reprendre les zones de la ville occupées par les manifestants. "Restez sur place, levez vos mains", hurlaient les contestataires, mais la charge des forces de l'ordre était trop forte, les lacrymogènes et les grenades assourdissantes trop nombreuses. 

"Ils nous ont crié de rentrer à l'intérieur"

"À terre", ordonnent les forces de l'ordre qui arrêtent ceux qu’ils trouvent dans le quartier. Tanya est encore sous le choc : elle était sous son porche avec des amis quand des policiers sont passés. "Ils nous ont crié de rentrer à l'intérieur, et puis il y en a un qui a dit 'allumez-les', raconte-t-elle, et ils nous ont tiré dessus avec des projectiles anti-émeutes", raconte-t-elle au micro d'Europe 1.

Ce genre de gestes et les charges, qui forcent à coup de gaz lacrymogènes les manifestants à se disperser, sont des signes supplémentaires témoignant de l’agressivité nouvelle des forces de l’ordre. En cette cinquième nuit de troubles, elles ont décidé de reprendre pour de bon le contrôle de la ville.  Le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, soucieux d'empêcher une nouvelle nuit d'émeutes, avait prévenu que les manifestants se trouveraient dans une "situation très dangereuse" s'ils violaient à nouveau le couvre-feu. 

Trump et Biden dénoncent les violences

En déplacement au centre spatial Kennedy en Floride où il assistait au premier vol spatial habité de SpaceX, Donald Trump a lui dénoncé les émeutes de la nuit passée à Minneapolis comme l'œuvre de "pilleurs et d'anarchistes". Son rival démocrate à la Maison Blanche Joe Biden a lui aussi dénoncé les violences. "Manifester contre une telle brutalité est un droit et une nécessité. C'est une réaction éminemment américaine", a déclaré le candidat dans un communiqué. "Mais mettre le feu à des villes et la destruction gratuite ne l'est pas. La violence qui met en danger des vies ne l'est pas", a-t-il affirmé.