En Irak, après huit mois de combats, la défaite de l'État islamique est proche à Mossoul. Pendant ces combats, Samir, réfugié dans une cave de la vieille ville, n'a eu qu'un seul lien avec l'extérieur : de brefs échanges téléphoniques avec son cousin Sangar, qui tentait de comprendre sa voix grésillante. Pendant ces quelques secondes de communication, il le tenait informé de l'avancée des troupes, le conjurait de tenir les djihadistes à l'écart afin de ne pas être touché par une frappe. A chaque fois, lorsque Sangar raccrochait, il se demandait si son cousin allait survivre.
"Je ne l'ai pas reconnu". Sa réponse est finalement arrivée cette semaine. Dans la poussière, au milieu des civils qui fuient, Sangar aperçoit Samir épuisé et affaibli. "Je ne l'ai pas reconnu, il est beaucoup plus maigre, mais je suis tellement heureux qu'il soit libre", confie-t-il. Samir pleure et n'arrive pas à parler.
"On était entre la vie et la mort". Trois jours plus, barbe et tête rasées, Samir est encore sonné. "Je n'en reviens pas d'avoir retrouvé ma famille. J’aimerais vous expliquer ce que je ressens mais je n'y arrive pas. La nourriture que je mange je n'y crois pas, j'en ai tellement rêvé. On était entre la vie et la mort. Je ne m'attendais pas à ce que cela penche du côté de la vie".
Aujourd'hui, les djihadistes sont loin mais leur emprise est restée : "J'ai encore peur qu'ils me surprennent et me tuent", reconnait Samir.