Dans les quartiers libérés de Mossoul, la jeunesse évacue les pression des djihadistes en rompant tous les interdits imposés par le groupe Etat islamique.
Des combats se déroulent encore dans la vieille ville de Mossoul, en Irak, ex-capitale autoproclamée de l'Etat islamique dans le pays. C'est la dernière phase d'une bataille démarrée il y a huit mois. Là-bas, les civils essayent encore d'éviter les kamikazes qui se font exploser sur les soldats. Mais de l'autre côté du fleuve, dans les quartiers libérés de la ville, une vie frénétique est en train de renaître. C'est le cas notamment dans une salle de billard qui abritait il y a peu la police religieuse des djihadistes.
"Évacuer la pression". Ici, tous les interdits imposés par le groupe État islamique se concentrent. Dans l'atmosphère enfumée par les bouffées de narguilé, on parie autour des tables en écoutant de la musique. Dans un coin, le gérant regarde cette jeunesse évacuer, parfois dans l'excès, la pression des djihadistes : "Les habitants de Mossoul sous Daech devaient obéir à toute une série de règlements. Et d'un coup, toutes ces limites disparaissent, donc il y a l'envie de s'engouffrer dans ce qui était interdit", explique-t-il. "Par exemple, je vois des gens qui n'aimaient pas le billard avant Daech et qui se sont mis à venir et à jouer ; ou d'autres qui ne fumaient pas avant et qui se sont mis à fumer."
"Désormais, je suis libre". Ce comportement s'étend jusqu'à la pratique religieuse. Ainsi, depuis que l'armée a repris le quartier il y a plusieurs mois, Ahmet assure ne pas avoir mis un pied à la mosquée : "Ils n'ont fait que nous forcer à y aller parfois en nous mettant un sabre sous la gorge. Quand la menace du sabre n'est plus là, est-ce que l'on continue à faire la même chose ? Non. C'est pour ça que je n'y vais plus. Je suis libre désormais. Je prie toujours et je crois toujours, mais maintenant, c'est moi qui décide si je vais à la mosquée", assure-t-il.
Une parole peu commune dans la conservatrice ville de Mossoul. "A trop nous étouffer, l'Etat islamique nous a parfois détourné de ce à quoi nous étions attaché", ajoute-t-il.