L'organisation État islamique poursuit ses destructions dans la cité antique de Palmyre, en Syrie. Après la destruction du temple de Baalshamin, fin août, les djihadistes s'en sont cette fois prix au temple de Bel, l'un des monuments romains emblématiques de la ville, et considéré par l'Unesco comme l'un des monuments religieux les plus importants du 1er siècle en Orient, de par sa conception unique.
Les images satellites en attestent. Lundi soir, l'Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar) a déclaré pouvoir "confirmer la destruction du bâtiment principal du temple de Bêl ainsi que celle d'une rangée de colonnes qui le jouxte", après avoir comparé des images satellite avant et après l'explosion. Sur une image datée du 27 août, une structure rectangulaire entourée de colonnes est clairement visible, alors que sur un autre cliché pris lundi, on ne distingue plus que quelques colonnes, en bordure du site.
"La perte est inestimable". "On a affaire à une surenchère. Il s'agit là d'une destruction de très grande ampleur", a réagi sur Europe 1 Pascal Buterlin, professeur d'archéologie orientale à la Sorbonne. "Les blocs qui ont servi à construire cet édifice étaient gigantesques. On est dans une architecture monumentale, massive, avec des murs construits en grand appareil, conservés sur encore 10 mètres de hauteur, une porte gigantesque, un magnifique décor sculpté qui est l'un des plus beaux conservés en Syrie...", a encore détaillé le spécialiste. "C'est l'un des plus grand sanctuaires conservés du monde gréco-romain, tout simplement. La perte est inestimable", a-t-il conclu.
L'organisation État islamique fait régner la terreur dans la ville de Palmyre depuis qu'il y a pris le pouvoir, il y a trois mois. En juin, on apprenait la destruction de deux mausolées vieux de plusieurs siècles. Deux mois plus tard, fin août, les djihadistes ont décapité l'ex-directeur des Antiquités à Palmyre, Kaled al-Assaad.
"Crime contre l'humanité". Invitée d'Europe 1 le 25 août, Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco a dénoncé ce "nettoyage culturel", n'hésitant pas à parler de "crime contre l'humanité". "Ils ne reconnaissent pas l'histoire, ni la diversité culturelle, ni la mémoire des peuples de différentes communautés", a-t-elle notamment expliqué.